« Peu, mal et aux frais des citoyens », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
Le ton
était solennel mais qu’est-il resté dans « la poussière du sérieux »
qu’évoquait Paul Éluard ? Une hausse de 100 du Smic seulement pour ceux
qui bénéficient de la prime d’activité aux frais de l’État, c’est-à-dire du
plus grand nombre, une prime défiscalisée et désocialisée au bon vouloir du
patronat, une suppression de la nouvelle hausse de la CSG pour une partie des
retraités dont les pensions restent bloquées en dessous de l’inflation et une
baisse des dépenses publiques, donc des moyens pour les services publics. Tout cela
concernera une minorité des milieux populaires. En revanche, les grandes
fortunes, les dividendes des actionnaires, les bénéfices des grosses sociétés
sont épargnés et même sanctuarisés.
Le président
a dû lâcher du lest, mais si loin du nécessaire. Bousculé par le mouvement des
gilets jaunes, conspué par les lycéens, rejeté par les salariés, le président
de la République s’est dégrisé de son sentiment de toute-puissance. Il a
cependant pris de haut la colère populaire en mettant d’emblée l’accent sur la
répression, sur « les instructions les plus rigoureuses » qu’il a
données au gouvernement. La leçon encore et toujours, comme s’il n’était pas à
l’origine des tensions ! Il s’en exonère à peu de frais en faisant
remonter les maux à Mathusalem. Pire, il persiste sur sa feuille de route,
celle qui lui vaut l’affection des ultra-riches : réforme de l’État, de l’indemnisation
des chômeurs, mise en cause des retraites…
Les proches
de l’Élysée tentent de pervertir chaque petite concession. Le paysage a
cependant changé. La brutalité du pouvoir a réveillé un sentiment de classe,
accusé la contradiction entre les milieux populaires et les grandes fortunes,
dissipé le fatalisme et la résignation. Les gouvernants ne peuvent plus
piétiner, emplis de morgue, les syndicats ou les élus locaux. La marche forcée
a trébuché. L’épreuve de vérité commence aujourd’hui tout autant pour l’oligarchie
régnante que pour ceux qui travaillent à changer la vie.
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