« Le drame recommencé », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
La course
éperdue dans une rue d’une ville, le claquement des balles, l’attente
angoissée, les bilans et les pleurs. Strasbourg et son célèbre marché de Noël
ont été frappés. Un nouvel attentat était redouté, chacun reconnaissant que les
meilleures investigations des services de renseignements en empêcheraient neuf,
mais que le dixième surviendrait. Avec la douleur qui resurgit, les
propositions les plus rances sont ranimées. La droite, prête à brader les
libertés républicaines, se replace à la file de Marine Le Pen pour réclamer l’incarcération
des fichés S ou l’instauration de l’état d’urgence. En relançant le débat sur l’islamisme
et « l’identité », le président de la République dans sa réponse au
mouvement des gilets jaunes amorçait, lundi, la dérive. Des forces politiques s’efforcent
d’alimenter les peurs pour occulter la force de l’urgence sociale et
démocratique. Sinistre calcul, qui, partout, conduit au pire.
Pourtant,
rien ne serait pire que de renoncer à penser. C’est sur le terreau des haines
que grandissent les monstres. Les protestations étouffées s’infectent et il
faut au contraire des manifestations et des controverses pour faire grandir l’impératif
démocratique. « Une nouvelle ère s’ouvre, annonçait déjà Victor Hugo à la
Cambre des députés, l’ère des questions sociales que j’appellerais plus
volontiers les questions populaires, le travail, le salaire, l’éducation, la
pénalité, la création de richesses, la répartition des jouissances, la dette du
bien-être payée aux travailleurs par les gouvernants. (…) Voilà, messieurs, les
questions qui ont l’avenir désormais. » C’est plus vrai que jamais.
Étouffer ces revendications par des menées autoritaires ou sous l’impératif de
cupidité des oligarques porterait une atteinte meurtrière à la démocratie.
Malgré
le drame de Strasbourg et même encore plus après lui, la recherche des jours
heureux doit se poursuivre. Hors des impasses casquées.
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