« Le mépris et la ficelle », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
Le pouvoir
recule, mais pied à pied, lâchant des miettes. Édouard Philippe a concédé la
suspension pour six mois de la hausse de la taxe carbone sur les carburants et du
renchérissement du contrôle technique, mais il n’y a pas renoncé. Au lendemain
des élections européennes, il espère les rétablir. De surcroît le gouvernement
veut compenser ce manque à gagner par une réduction des dépenses publiques, c’est-à-dire
des services qui manquent si cruellement et dont les gilets jaunes réclament le
retour ou l’arrivée dans tous les territoires. Pire encore, Emmanuel Macron,
que son impopularité rend discret, a décidé de faire la sourde oreille aux
revendications d’amélioration des salaires et des pensions et de justice
fiscale, mis à mal par la suppression de l’ISF. Le président refuse qu’on
touche à la cagnotte du Cice – 40 milliards d’euros donnés en pure perte aux
plus riches. Un gâchis et une manne pour ceux qui, pour beaucoup, incarnent l’exil
fiscal.
La main, sitôt tendue, est retirée. Le mépris pour les salariés ou les
retraités imprègne à ce point nos gouvernants qu’ils croient que l’énorme
ficelle ne se voit pas et que la colère qui anime les barrages se dissoudra
dans les consultations dilatoires qu’ils programment dans les mois à venir !
La justice sociale est devenue une urgence et notre peuple, en gilets jaunes ou
lycéen, salarié ou chômeur, prend mieux conscience que sa force peut ébranler
la Bastille politique et les forteresses financières.
Après
le pari perdu de la violence suscitant la peur, la tentative d’opposer écologie
et égalité sociale, les stratèges du macronisme veulent diviser les gilets
jaunes et entreprennent une série de manœuvres. L’une d’elle consiste à
inventer des représentants, choisis dans les rangs de la droite et de l’extrême
droite, préposés au dialogue complaisant ou aux sorties délirantes dans les
médias. Tristes recours qui ne font illusion qu’auprès de commentateurs d’avance
convaincus. La stratégie du pourrissement affecte d’abord la tête.
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