" UN MOUVEMENT TRÈS POLITIQUE ", L’EDITORIAL DE PIERRE CHAILLAN DANS L’HUMANITE DE CE JOUR !
Attention, ce n’est pas un rejet de la politique qui s’exprime ! Le
mouvement des gilets jaunes a au contraire investi le champ du pouvoir et de la
représentation en disputant la place aux institutions et aux élus. Accompagnant
les doléances liées à la cherté de la vie, à la dignité humaine et à
l’injustice fiscale, des exigences démocratiques fortes et radicales se sont
fait entendre, provenant de tous bords politiques. Car comme le montrent les
résultats de l’étude du collectif de jeunes chercheurs Quantité critique que
nous publions, si les participants ont écarté la présence affichée des partis
politiques et organisations syndicales, ils n’ont pas indiqué qu’ils se
désintéressaient de la politique. Le but recherché est d’être plus efficace en
étant porteur de la parole du « peuple » grâce à une démarche transpolitique,
et donc transpartisane et transclasse. C’est la force de ce mouvement.
Là est aussi sa faiblesse, « sans pensée directrice », comme
le notait le philosophe et sociologue Edgar Morin, parfois perméable aux
manipulations, aux thèses du repli identitaire, et qui pourrait se traduire
électoralement au final par une sombre bipolarisation entre néolibéralisme
globalisé et national-populisme. Pourtant, au-delà des gilets jaunes, le peuple
de France, fidèle à son histoire et à sa devise républicaine issue de la
Révolution, est capable de refuser le piège de cette fausse alternative entre
technocrates libéraux et néofascistes, comme ne cesse de le marteler Ian
Brossat, tête de liste du PCF aux élections européennes.
Il peut déjouer les pronostics des briseurs d’espoir. Depuis plus de trente
ans, les classes populaires auraient déserté le terrain de la politique ou
seraient définitivement perdues, aux mains de l’extrême droite.
Abstentionnisme, recul du collectif et volatilités électorales seraient les
symptômes de cette désaffection. Au fond, oui il y a bien un rejet : c’est
celui d’un système qui ne répond pas aux attentes populaires et aux défis
humains, sociaux et écologiques. Il faudra bien alors que le mouvement prenne
au prochain rond-point la direction d’une véritable alternative politique :
celle de la sortie du capitalisme.
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