« Que le pouvoir réponde à la colère sociale », l’éditorial de Patrick Le Hyaric dans l’Humanité de ce jour !
Le pouvoir
macroniste doit cesser de tergiverser, de jouer le pourrissement, la division. Ni
la peur, ni des dispositifs sécuritaires supplémentaires ou la menace de l’état
d’urgence ne pourront répondre à la puissante exigence d’égalité qui parcourt
le pays.
Des entreprises,
des quartiers, des villages, un cri s’élève : « Cessez de nous
prendre de l’argent. Nous n’en pouvons plus ! » Le pouvoir doit y
répondre concrètement, notamment par l’augmentation des salaires et par la
justice fiscale. Le débat sur la motion de censure de la politique
gouvernementale déposée par les députés communistes et insoumis obligerait à
analyser de manière approfondie la nature de l’actuelle crise et les moyens d’en
sortir.
Le problème
ne réside pas dans un déficit de « pédagogie » en faveur des choix
actuels. Cette France qui travaille dur ou est privée de travail a compris que
le macronisme consiste à servir toujours plus les plus fortunés, les
actionnaires et le capital en général, tout en pompant les revenus du plus
grand nombre et en refusant d’augmenter les rémunérations, alors que les
grandes entreprises bénéficient de dizaines de milliards d’exonération de
cotisations, sans bénéfices ni pour les travailleurs ni pour l’emploi. Cette violente
politique de classe détruit à petit feu les solidarités.
Les mouvements
en cours n’expriment pas un refus de l’impôt et des taxes, mais la contestation
de leur injuste répartition. La droite et l’extrême droite, qui ne cessent de
demander la réduction des dépenses publiques, sont très mal placées pour s’immiscer
dans les cortèges. Les forces politiques qui, depuis tant d’années, n’ont cessé
de promouvoir les choix austéritaires et antidémocratiques des traités
européens gagneraient à rester humbles et discrètes.
La colère
qui éclate aujourd’hui couve depuis des années sous la violence sociale et l’abandon
des territoires. Elle trouve un nouveau ressort avec la suppression de l’impôt
sur la fortune, l’évasion fiscale et ces immenses masses monétaires crachées
par la Banque centrale européenne qui ne servent ni le travail, ni les biens
communs, ni la transition environnementale.
Les refus,
ces derniers mois, d’entendre les syndicats mobilisés contre la destruction du
droit du travail et de la SNCF, le mépris
vis à vie des maires et des élus, la surdité à l’égard de l’apposition
parlementaire ne pouvaient que tendre la situation sociale. C’est le pouvoir,
et lui seul, qui en porte la responsabilité. Le gouvernement voulait modifier
la Constitution pour verrouiller le système. Voici que, sur les barrages
routiers, sur les réseaux sociaux, dans les cortèges, le mouvement s’empare des
enjeux démocratiques et pointe la crise de représentativité du Parlement,
réclamant écoute et délibérations communes, voire référendums ou élections à la
proportionnelle.
Le président
de la République doit entendre les responsables des partis et groupes
parlementaires, les associations de consommateurs, les représentants des gilets
jaunes, les associations d’élus, et lancer une conférence sociale et
environnementale, déclinée dans tous les territoires, visant à combattre la vie
chère, à augmenter les salaires, les retraites et les prestations sociales, à
relancer les services publics partout, à améliorer les finances des collectivités.
Un forum national pour la justice fiscale commençant par le rétablissement de l’impôt
sur les grandes fortunes et l’instauration d’un impôt progressif doit être
organisé. Les responsabilités des grandes entreprises et des banques doivent
être mises sur la table. Autant de demandes formulées par les gilets jaunes
eux-mêmes. Le peuple crie : « Égalité ! » Il faut répondre
d’urgence.
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