« Ne plus laisser du temps au temps », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
Remparé
à l’Élysée, Emmanuel Macron ne peut plus parier sur un pourrissement du
mouvement des gilets jaunes. Désormais, chaque jour qui passe corrompt son
pouvoir. Son espérance d’imposer, vite et en force, à la France populaire de
payer la transition écologique et de somptueux cadeaux aux grandes fortunes vient
de se briser sur une puissante exigence de justice sociale. La colère est
aujourd’hui le sentiment le mieux partagé, alimenté par l’arrogance des
gouvernants, l’opulence des puissants, le sentiment d’urgence qui étreint une
majorité des travailleurs. Même les images de violence, répétées sans trêve par
les grands médias, n’ont pas fait basculer l’opinion publique dans la peur. L’entourage
présidentiel pariait que l’extrême droite prendrait le contrôle et
discréditerait cette mobilisation…elle en est loin alors que tout ce qu’elle
déteste vient en tête des revendications : le rétablissement de l’ISF et
de l’imposition des entreprises, la hausse du Smic et des pensions, le
développement des services publics, une démocratie sociale et politique
élargie.
Notre
pays porte en lui la fibre de l’égalité. Elle vibre plus ou moins mais toujours
réapparaît. La politique suivie par Emmanuel Macron l’a réveillée. Elle fait
boule de neige parmi les lycéens ou les ambulanciers. Elle secoue aussi les
institutions et ajoute des enjeux démocratiques aux exigences sociales.
La tentative
d’enterrer le problème en créant des commissions territoriales a fait long feu.
Le premier ministre a reçu les partis politiques, hier. Le président est au
pied du mur. Il devra parler vite et moins haut. Et céder. Le temps joue contre
celui qui se croyait le maître des horloges. S’il devait emboîter le pas au
ministre de l’économie, Bruno Le Maire, qui a jugé hier d’accélérer la baisse
de la « dépense publique », il risquerait une motion de censure qui
déborderait les bancs de l’Assemblée nationale et deviendrait celle du pays
lui-même. L’heure de la furie libérale est passée.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire