« Tempête », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Il n’est
pas requis de lire dans le marc de café pour prédire quelles leçons vont nous
être dispensées sur les élections italiennes. Au secours, les populismes et l’extrême
droite l’emportent. Il faut se rassembler autour des démocrates et des
Européens ! C’est déjà la réaction de l’Allemagne comme de Bruxelles,
souhaitant un gouvernement stable. Cela ne veut pas dire grand-chose, mais
semble désigner, ce qui ne va pas de
soi, une vague coalition du caïman Berlusconi, Forza Italia, et le démocrate Matteo
Renzi. Cela quand bien même ce dernier a perdu plus de la moitié de ses voix
par rapport à 2014. En France, que ce soit au PS ou à la République en marche,
c’est aussi bien ce qu’on semble suggérer.
C’est
occulter la réalité des dernières années, celles de Berlusconi et celles
ensuite de Matteo Renzi. Un homme jeune, soulignait-on, européen exemplaire,
décidé à réformer à marche forcée le marché du travail, passant outre les
syndicats pour imposer le modèle libéral attendu par les marchés. Il inspirait
hier celui qui semblait son alter ego, Manuel Valls, tous deux jouant des
frontières entre droite et gauche. Toute ressemblance avec ce qui se passe
aujourd’hui en France ne serait ps le fait du hasard. Le scrutin de dimanche,
sur fond de chômage, de précarité et de surenchères racistes, a parachevé sa
défaite avec sa démission.
Ce résultat
désigne aussi une Europe fermée à la solidarité, à la coopération. Face aux
questions migratoires, l’Italie est restée seule, les démagogues trouvant là un
boulevard. Elle a failli face aux inégalités de développement et la ligue, à l’extrême
droite, qui revendique déjà le gouvernement, appuie sur la fracture entre Nord
et Sud. Elle profite d’un développement économique fondé sur une concurrence
qui laisse sur place les plus défavorisés, peuples et régions. Pour les pauvres
du Sud, l’Europe, ce sont les mots de Dante : « Toi qui entres ici,
laisse toute espérance. » Il va falloir s’opposer, partout, à la montée
des populismes et des extrêmes droites. Mais ce ne sera pas en menant les
politiques nationales et européennes qui ont fait de l’Italie ce qui ressemble
aujourd’hui à un bateau dans la tempête.
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