« Le chapeau et le lapin », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l'Humanité de ce jour !
Cette
réforme est idéologique, dit dans nos colonnes le secrétaire général des
cheminots, Laurent Brun. Sans doute, et cela depuis le départ. On demande à un « expert »
libéral un diagnostic et des propositions concernant une grande entreprise
publique, et à la sortie, miracle, on a quoi ? Un rapport libéral. Comme le disait Lacan, on
ne trouve jamais dans le chapeau du prestidigitateur que le lapin qu’il y a
mis. Eut-on demandé un rapport à des experts proches de la CGT, ou à des
économistes critiques, parions sans trop de risques que les hypothèses de
travail auraient été bien différentes.
La CGT
a d’ailleurs présenté au premier ministre un document de 60 pages avec ses
propositions, en vain, semble-t-il, puisque, de toute manière, les choix sont
déjà faits, y compris avec la volonté, exprimée là aussi depuis le départ, de
trancher par ordonnances. Voilà ce que vaut la concertation vantée par le
gouvernement. On reçoit les syndicats un par un, on les écoute ou on fait
semblant, mais de toute manière, on ne les entend pas.
Les tours
de passe-passe ont leurs limites et les cartes sont sur la table avec la grève
annoncée. C’est ce qu’ont voulu Emmanuel Macron et son gouvernement, avec la
volonté, au-delà de la SNCF, de marquer un point décisif dans leur lutte pour
assouplir, avec le Code du travail, l’échine de tous les salariés. Il compte
sur le soutien d’une opinion publique qui serait lassée par les défaillances de
la SNCF, acquise à sa réforme. Rien n’est joué. Samedi, sur une de nos chaînes
d’information et à l’inverse de ce que l’on entend d’ordinaire, quatre
personnes sur quatre interrogées au hasard jugeaient que les cheminots avaient
raison de se défendre. Mais, de toute manière, la lutte qui s’engage ne sera
pas seulement un face-à-face entre le pouvoir et les syndicats. Elle va
impliquer tous et chacun dans ce qui est déjà une bataille d’arguments et de
mise au jour des enjeux de la politique en cours. Avant même les premiers jours
de grève, la journée de jeudi en sera une étape majeure.
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