Budget Primitif 2018 « intervention de Brigitte MORANNE »
INTERVENTION DE BRIGITTE MORANNE AU CONSEIL MUNICIPAL DU 28 MARS 2018
SUR LE VOTE DU BUDGET PRIMITIF.
« GROUPE FRONT DE GAUCHE-ROMAINVILLE ENSEMBLE »
La préparation et le vote du
budget communal constituent la principale responsabilité de l’assemblée
municipale. Aujourd’hui, nous sommes appelés à nous prononcer sur le budget
2018 de la ville de Romainville.
Il aura été préparé par
l’exécutif municipal avec les services municipaux selon des objectifs liés au
programme de la majorité et à la conjoncture.
Dans les communes de France ayant
adopté un fonctionnement digne d’être qualifié de démocratique, le vote du
budget municipal aura été précédé de débats, de concertations, avec les élus y
compris de l’opposition, et aussi avec la population dans son ensemble.
A Romainville, rien de tout ce là.
Il n’y a aucune concertation, ni avec
les élus de l’opposition, ni avec les habitants.
Nous sommes chaque année, mis
devant le fait accompli de décisions prises, j’imagine par quelques personnes
sur 26173 habitants que compte notre ville. Malgré notre demande de faire
exception pour le budget, nous recevons les documents 5 jours ½ précédant la
séance. La commission de finances à laquelle participent des élus de l’opposition
se déroule en une seule réunion Ce n’est
pas comme cela que l’on gère démocratiquement une commune.
Alors que les politiques d’austérité
menées depuis plusieurs années ont des conséquences sur le budget des communes,
vous continuez de minimiser l’impact de ces choix au service de la finance, prétextant que pour notre commune, ils sont
compensés par la hausse de la péréquation, En effet, celle-ci est destinée à atténuer les
disparités de ressources entre collectivités territoriales, mais si notre ville
bénéficie de redistributions verticales et horizontales, c’est parce que le
revenu fiscal moyen des habitants est faible. Pour rappel, plus de 50% des
romainvillois ne sont pas assujettis à
l’impôt sur le revenu. Le taux de chômage s’élève à 19,5% et 34% chez les
jeunes Entre 2015 et 2017 la dotation
forfaitaire (DGF) a été réduite de
moitié passant de 5,1 millions à 2,5 millions d’euros.
En ce qui concerne la trajectoire
des dépenses publiques 2018-2022, l’effort sera particulièrement porté par les
collectivités locales. A partir de 2020, leurs prévisions de croissance seront
négatives. La loi de programmation des
finances publiques du gouvernement Macron prévoit un objectif de maîtrise de la
hausse des dépenses de fonctionnement, à 1,2% par an pour l’ensemble des
collectivités. Mais en très bonne élève que vous êtes, malgré une population
pauvre qui est en droit d’attendre une autre politique, vous choisissez de
maitriser les dépenses courantes de fonctionnement avec une évolution autour de
0,5%./ an et pour 2018 autour de 0,67% , bien pire que ce que prévoit.la loi.et
vous l’expliquez vous-même « ce budget a été élaboré avec l’objectif de
mieux maitriser les coûts de fonctionnement. »
Comme chaque année, votre budget n’évolue pas dans ses fondamentaux,
vous décidez de prendre dès le budget primitif une somme importante à la
section de fonctionnement vers la section d’investissement, elle représente
cette année la somme de 19 955 132,75 euros contre
12 174 002,44 Euros en 2017.Celà n’a jamais été aussi important. Au
total les prélèvements du fonctionnement au profit de la section
d’investissement sont de 22 290 904, 98 euros
Alors comment pouvez- vous oser
dire que dans le même temps vous améliorez la qualité du service public ?
Sans concertation, notre ville
s’est engagée sur le long terme dans une politique de financement des
investissements sur la base, d’une part de vente du patrimoine, d’autre part d’un important prélèvement sur
les budgets de fonctionnement, et enfin de recours à l’emprunt. Entre 2006 et
2017, la vente du patrimoine a représenté 39 853 508,33.
Des biens communaux parfois
vendus en dessous des prix des domaines Au chapitre 42, (dotation aux
amortissements), cette ligne est stable mais elle avait augmenté inexorablement
en 2017 car elle est la conséquence de cette politique d’investissements. .Si
elle représente une recette d’investissements qui permet à la ville de dégager
de l’autofinancement, elle représente une dépense obligatoire de
fonctionnement.
Sur le chapitre 66 charges
financières, l’intérêt de l’emprunt devrait encore peser lourd en 2018. La
charge de la dette représente 4,60.% des dépenses réelles de fonctionnement.
Au BP 2018, la mobilisation des
emprunts et cautions (chapitre 16)
s’élève à 2 Millions et 5000 Euros L’encours de
la dette au CA 2017 était déjà de 1891,79 Euros/ population alors qu’au niveau
national, elle était de 1118 Euros/Population.
La ville favorise les promoteurs
en faisant supporter sa politique d’investissement et ce sur plusieurs générations.
La revue « Challenges » a passé au crible avec INOVEFA, société
spécialisée sur les marchés immobiliers du neuf, les 250 communes de plus de
10000 habitants d’Ile de France, mentionnant celles ayant signé une charte
ainsi que le nombre de logements collectifs autorisés entre 2006 et 2016 et
leur part pour 1000 habitants.
La ville qui se classe la
première, en tête de toutes ces villes, c’est Romainville, avec 5338 logements,
208 pour 1000 habitants.
Et cela continue, notre ville est
envahie de grues, des camions circulent en permanence pour livrer les
chantiers, nous manquons d’espaces verts, le plan de circulation est modifié au gré des
chantiers en cours. Les places de stationnement sont insuffisantes menaçant
ainsi le commerce local. On a bétonné sans retenue, dans la démesure, sans pour
autant faire du « logement pour tous, ». Un droit essentiel, alors
que 2221 familles sont demandeuses de logement social (chiffre fourni en
janvier par Seine Saint Denis habitat). Je profite de cette question du logement
social pour vous demander ce qu’il en est du projet De Gaulle. Les habitants
sont inquiets, ils n’ont pas eu de réunion d’information depuis plus d’un an.
Quel est leur devenir ?
Toujours sur les investissements,
nous estimons que des investissements sont nécessaires comme la programmation
de travaux d’entretien de voirie et du patrimoine bâti avec une enveloppe
réservée aux travaux d’accessibilité. De même la construction d’une école
primaire de 11 classes dans le quartier des Bas –Pays ou la réhabilitation du
complexe sportif Paul Baldit. Par contre
et nous l’avons déjà exprimé à plusieurs reprises, la construction de la tour
Maraichère est pour nous inacceptable au regard des efforts faits sur les
dépenses de fonctionnement. Au BP 2018, il est prévu d’ouvrir des crédits de
paiement à hauteur de 3,3 Millions d’Euros pour cette réalisation.
Si une fois encore nous attirons
l’attention sur ce type de gestion, c’est parce que Romainville est une ville
pauvre qui bénéficie donc de redistributions verticales et horizontales plutôt
conséquentes. Au niveau des recettes de fonctionnement, la DGF est stable et la
commune bénéficiera de l’attribution de compensation, versée par la Métropole
du Grand Paris, estimée à 17 454 273 Euros, des fonds de solidarité de la région Ile de
France estimés à 1 500 000 Euros et des fonds de péréquation estimés à 500 000Euros. Au niveau du chapitre 74, dotations et participations, nous notons
qu’une fois encore, nous bénéficierons d’une dotation Solidarité Urbaine stable
de BP à BP, .évaluée à 2 543 098 euros. Nous sommes loin d’être dans l’opulence mais si
on utilise l’argument de la pauvreté moyenne des ménages à Romainville bien
plus élevé qu’en Île de France, alors les citoyens sont en droit d’attendre des
services rendus au quotidien, en rapport avec ces chiffres.
SUR LE PERSONNEL COMMUNAL :
Il assure les missions de
proximité et répond aux besoins des habitants. Aujourd’hui, le gouvernement a décidé de s’attaquer frontalement à la
fonction publique, à ses missions et ses agents. Après le gel de la valeur du
point, le rétablissement du jour de carence, l’injuste hausse de la CSG mal compensée et les 120 000
suppressions de postes dont 70 000 dans la territoriale, c’est le statut
général qui est menacé. Les fonctionnaires sont pointés du doigt, ils seraient
privilégiés. Mais les privilégiés sont les 100 personnes qui détiennent en
France, à un instant T, ce qu’un million de smicards gagneront durant toute
leur vie. Le personnel devient la variable d’ajustement de ces politiques
d’austérité.
Comment vous positionnez vous
face à ces régressions en défaveur de l’intérêt général ?
A Romainville, l’organisation
mise en place à compter du 1er juillet 2016 et qui va s’étendre à
d’autres agents à compter de janvier 2018 consiste à supprimer 5 Congés annuels
et en contrepartie générer 15 jours de RTT par un passage de 35h à 37 h 30
hebdomadaire. Ceci est un miroir aux alouettes, car si les congés annuels ne
sont pas impactés par des arrêts maladie, accidents du travail, enfants malades
ou congés de formation, les RTT oui. .Ils sont valorisés à partir du compte
temps travaillé, c’est-à-dire qu’une journée de formation ou de maladie est
valorisée sur la base de 07h soit 35 h hebdomadaires, les agents perdent donc
des RTT lorsqu’ils sont en arrêt maladie. Sur les effectifs, il nous est difficile de
suivre l’évolution du nombre d’ETP (équivalents temps plein), entre 2012 et
2017, il y a 41,3 ETP en moins, toutes catégories confondues, mais nous n’avons
pas le nombre d’ETP transférés à EST ensemble.
Nous constatons tout de même que
malgré le dispositif « Sauvadet » facilitant l’accès à l’emploi
titulaire des contractuels qui encourait jusqu’au 13 Mars 2018, il y a
augmentation de la précarisation des agents.
Le nombre de contractuels au
31/12/2017 est très élevé, il représente environ 35 % de l’effectif total. (Avec
une majorité de CDD) .De BP à BP,
la rémunération des titulaires a baissé de 294 377,71 euros alors que
celle des contractuels a augmenté de 458 162,94 Euros.
Si certains métiers sont
accessibles par concours, pour d’autres,
il existe une procédure de recrutement direct sans concours. Alors pourquoi
autant de non titulaires. Si vous tenez compte du GVT estimé à 75 000
euros, la rémunération des titulaires devrait augmenter à effectifs constants.
Pour les ouvertures de classes
prévues, nous actons la nécessité d’augmenter les effectifs des personnels (les
besoins ayant été évalués à 10 équivalents temps plein) Mais nous n’avons aucune garantie que des
postes d’enseignants seront affectés sur ces classes par l’académie.
Vous annoncez aussi le maintien
de la semaine à quatre jours et demi et des NAP (nouvelles activités péri
scolaires). Dans toutes les villes de Seine Saint Denis, après concertation
avec les parents et les enseignants, la semaine de 4 jours est majoritaire pour
la rentrée 2018.
Nous savons déjà que bon nombre
d’enseignants veulent quitter notre ville du fait de cette décision prise sans
aucune concertation.
Les ASSOCIATIONS.
Le CCAS et la caisse des écoles
fonctionnent avec leur propre budget, les subventions inscrites au BP
représentent donc des subventions d’équilibre. En 2017, la subvention de la
ville au CCAS s’est élevée à 130 452, 32 Euros, Au BP 2018, elle est
prévue à hauteur de 274 030,64 euros soit + 143 578 euros. La
subvention de la ville versée au CCAS est une subvention d’équilibre due à des
baisses de recettes notamment du département. Elle ne correspond pas à des
moyens financiers supplémentaires. Si, il n’y a pas de diminution prévue sur les
secours et aides facultatives, il n’y a pas non plus d’augmentation prévue au
service des habitants.
La subvention d’équilibre de la
caisse des écoles s’élève à 1 050 734,21
euros pour 2018, légèrement en baisse par rapport au BP 2017. Dans un
contexte national ou 50% des enfants des familles les plus modestes ne partent
jamais en vacances, nous pouvons penser que ces chiffres rapportés par
l’observatoire des inégalités sont vrais aussi pour bon nombre de petits romainvillois. Si on
regarde l’offre de séjours de vacances proposée par notre ville, il est vrai
que les prestataires extérieurs apportent de la diversité et je ne remets pas
en cause non plus la qualité de ces prestations. Cependant il faut reconnaitre,
que pour une commune, garder ses propres structures permet d’inscrire un plus
grand nombre d’enfants à un moindre coût et cela quelles que soient les
tranches de quotient familial .Prenons l’exemple des séjours hivers 6-12 ans,
40 places pour le Pelvoux pour 7 jours, coût réel du séjour 454 euros et donc
99,88 euros pour la 1ère tranche et 317,80 euros pour la dernière tranche. Pour
un séjour en même période en Haute- Savoie, un prestataire extérieur propose 16
places pour 8 jours, (coût réel 775 euros). 170,50 euros pour la 1ère
tranche et 542, 50 euros pour la dernière. Nous continuons d’affirmer que
garder ses propres centres de vacances permet de mieux répondre aux besoins des
habitants.
Nous considérons que ce budget
n’apporte pas de réponse suffisante à la hauteur des besoins de la population,
nous considérons que d’autres choix sont possibles en faveur de progrès social.
Nous voterons contre le Compte Administratif 2017 et le Budget Primitif 2018.
En ce qui concerne les AC PC
2018, nous souhaitons un vote distinct en fonction des opérations, si ce n’est
pas le cas nous ne prendrons pas part au vote.
Je vous remercie de votre
attention.
Brigitte MORANNE
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