« Responsabilités », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
« La
France contient 36 millions de sujets, sans compter les sujets de mécontentement. » la phrase du journaliste Henri Rochefort dans le premier
numéro de son journal satirique « La Lanterne », il y a tout juste 150 ans, était appelée à faire
florès. Sans doute a-t-elle contribué à dessiner un portrait des Français en
râleurs. Mais ce n’est pas la question. Des cheminots aux médecins, des maisons
de retraite aux jeunes inquiets et pour partie mobilisés contre la sélection
dont ils sont les victimes, des fonctionnaires aux élus locaux sommés de serrer
la vis à leurs concitoyens en serrant la ceinture des collectivités, les
mécontentements se multiplient. Emmanuel Macron voudrait croire ou faire croire
que c’est une disposition des Français d’être allergiques aux réformes. Quelle plaisanterie.
Ils n’ont pas été allergiques aux congés payés qu’ils ont gagnés en 1936, à la
création de la Sécurité sociale, aux acquis de Mai 68…
Si mécontentement
il y a, c’est que les situations s’aggravent et les réformes sont des
régressions que veut masquer le verbe. Emmanuel Macron a sans doute bénéficié d’un
attentisme qui pour partie perdure. Il n’empêche, sa baisse dans les sondages
et les élections partielles est l’amorce d’une nouvelle donne. Avec son
gouvernement, il entend à la fois passer en force et étourdir l’opinion, fatiguer
les parlementaires eux-mêmes au mépris des débats démocratiques pour faire de
la France une première de la classe du libéralisme. L’offensive contre la SNCF,
totalement improductive y compris au plan économique, est un vecteur de cette politique et une arme
idéologique contre les notions d’entreprise et de service publics. Pour autant,
la multiplication des mécontentements ne fait pas réellement (pas encore ?)
une addition ni une alternative politique, et c’est aujourd’hui toute la gauche
qui devait s’interroger sur sa volonté de rassemblement. La journée de demain, au-delà
de ses objectifs propres, la mettra une nouvelle fois devant ses
responsabilités.
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