« Démocra…quoi ?, l’éditorial de Michel Guilloux dans l’Humanité de ce jour !
Ce qui
est embêtant avec la démocratie, c’est qu’il faut faire avec des idées contraires
aux siennes. Pis, celles-ci peuvent être étayées sur une expérience, voire une
pensée, bref, une culture agissante. Dans l’affaire en cours de la SNCF, il se
trouve que les organisations syndicales estiment que, avant de se prononcer,
elles devraient savoir à quoi s’en tenir sur le projet gouvernemental, voire
demander son avis au personnel. Au lieu de prendre acte d’une position, prise
par d’autres ou ailleurs, serait qualifiée de prudente, voire de bon sens, on
assiste à ce spectacle surprenant de bonnes intentions ; les syndicats de
cheminots, CGT en tête, sont sommés de faire grève « comme en 1995 »,
en même temps qu’une commande de sondage indique qu’une majorité de Français
est opposée à cette « idée » qui ne vient pas d’eux.
Et puisque
pareille décision n’a été prise, voilà, en prime, des analyses de la désormais
faiblesse, si ce n’est impuissance syndicale à mobiliser « comme en 1995 ».
La boucle est bouclée.
On se
bornera à constater que, en France, aucun mouvement social n’a été prévu, ni
décidé sur un claquement de doigts ; aucune victoire n’a été arrachée sans
que les premiers concernés ne décident de son rythme et de sa portée, le plus
souvent dans le rassemblement le plus large, l’union faisant la force, comme
chacun sait. Convaincre demande du temps, aussi…
En revanche,
c’est le mot qui convient à cette époque de violence des riches, le choix du
recours aux ordonnances indique l’intensité de l’attaque contre un des services
publics emblématiques de la France et à
quel point il n’est pas question de laisser aux citoyens, ni à leurs
représentants la voix au chapitre. Donner du temps au temps, à la délibération,
au débat sérieux, contradictoire et approfondi, n’est pas la marque de la
méthode Macron. Cette stratégie du coup de force et du secret va se retrouver
amplifiée avec un projet de réforme constitutionnelle qui vie à réduire,
affaiblir et museler la représentation nationale, tout en accélérant le remembrement
du cadre territorial aux normes des marchés. Tant d’acharnement dans l’opacité
finit par être éclairant.
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