« La bataille du rail », l’éditorial de Michel Guilloux dans l’Humanité de ce jour !
Le roi
n’est pas encore nu. Cependant, il est toujours piquant de relever le
changement ‘attitude de gens de pouvoir. Quand la suffisance laisse subitement
place à la fébrilité. Quand tombe le masque de la rhétorique à vide et qu’apparaît
le vrai visage de l’autoritarisme. Si peu habitués à rencontrer de vraie
contradiction, de leurs bureaux aux micros qu’on leur tend, que cette perte de
moyens signe un moment de vérité. Les cheminots ne sont appelés à faire grève
qua mardi et mercredi prochains que déjà les coups fusent, de cadres obligés de
remplacer de futurs grévistes à de la main-d’œuvre appelée de l’étranger pour
la maintenance…Et jusqu’à vouloir imposer aux grévistes les formes de leur
lutte, avec une préférence pour le bâillon, à coups de retenues salariales
arbitraires ! La mobilisation du 22 mars, quoi qu’en aient dit les
journaux de milliardaires, a montré la détermination cheminote ainsi que la
solidarité européenne du secteur.
Ce qui
est sur la table est un refus étayé sur des analyses et des contre-propositions
à la casse du service public ferroviaire et pour sa modernisation. Laurent Brun,
pour la CGT, le rappelait encore jeudi : les syndicats ont été reçus à
trois échelons différents, jusqu’à Matignon, sans être aucunement écoutés ni
entendus. La ministre des transports, répétant en boucle qu’ « il ne s’agit
pas de privatiser » la SNCF, ne sait que faire le coup de Sarkozy et
Raffarin de l’été 2004, pour faire passer le même changement de statut d’EDF et GDF. Or, chacun peut mesurer ce qu’il en
est aujourd’hui de l’immense gâchis des ressources publiques livrées aux
appétits financiers – et qui nourrit la mise en mouvement de ce côté – là.
Dans
la bataille du rail public qui s’engage, aux côtés des mobilisations internes à
la SNCF, le front de l’opinion n’est pas le moindre. Mais sur ce terrain – là aussi,
les salariés et leurs organisations ont des idées neuves et déjà quelques
expériences. Tout comme les partis et élus de gauche qui ne resteront pas à
quai. Un vaste débat démocratique est à l’ordre du jour. Le refus
gouvernemental de négocier pour les trois mois à venir ainsi annoncé en creux
est donc, peut-être, un peu, disons…prématuré ?
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