« Guerre des pauvres », l’éditorial de Paule Masson dans l’Humanité de ce jour !
En termes
de meilleure répartition des richesses, le gouvernement a trouvé la solution :
les pauvres n’ont qu’à partager entre eux ! Muriel Pénicaud pense ainsi l’augmentation
de 1,7% de la CSG pour les retraités. La ministre du travail a salué il y a peu la mesure comme relevant de la « solidarité
intergénérationnelle », justifiant la ponction par une sentence agacée ;
« L’argent ne tombe pas du ciel ! ». Certes, mais il sait
montrer au paradis quand les fortunés décident de planquer leur pécule. Tandis que
les compteurs de l’évasion fiscale s’affolent, amputant l’État de 60 à 80
milliards d’euros, les retraités, eux, comptent leurs sous et payent leurs
impôts. Avec une pension de retraite moyenne du régime général de 1086 euros
par mois, ils sont loin d’atteindre le nirvana. Qu’importe, depuis qu’Emmanuel
Macron a inventé le « retraité riche » à 1289 euros, c’est à eux de
payer pour les autres.
Vingt
ans de réformes des retraites ont pourtant déjà fortement amputé le pouvoir d’achat
des seniors, des modifications des modes de calcul à la désindexation des montants
sur l’évolution des salaires en passant par la suppression de la demi-part dite
« des veuves ». Depuis janvier, la hausse de la CSG creuse un nouveau
trou dans leur budget, sans compensation, puisqu’un gel des pensions est
entériné pour 2018 ;
« Le
propre de la solidarité, c’est de ne point admettre d’exclusion », disait
Victor Hugo. Loin des rancœurs égoïstes
dont les affuble le gouvernement, les anciens utilisent bien souvent le temps
libre de la retraite pour tisser les fils de la solidarité, y compris
intergénérationnelle. Ils aident les enfants et petits-enfants, s’engagent,
militent, voyagent, consomment…Les appauvrir aggrave toutes les crises. Alors à
quoi bon créer des cohortes de vieux pauvres, si ce n’est pour gagner un
combat, plus idéologique celui-là, tant il est vrai que la guerre des pauvres,
c’est le rêve des riches.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire