« Violence », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Vous
avez fait grève, vous allez payer. Fiches de paye : zéro. La direction de
la SNCF a frappé brutalement les cheminots et leurs familles à la caisse, en
refusant toute discussion sur les modalités d’un lissage pendant plusieurs mois
des retenues sur salaire, à fortiori toute discussion sur un paiement partiel
des jours de grève.
Ce n’est
pas autre chose qu’une forme de violence de classe. Au fond, le droit de grève
ne pourrait être exercé sans dommages que par les riches. On mesure ici l’absurdité,
plus exactement le scandale social, d’une situation où ceux qui n’ont pour
vivre que leur salaire sont confrontés à ceux qui, que ce soit dans les
conseils d’administration ou dans les ministères, ne connaissent jamais de
problèmes de fins de mois. Le fait que des femmes et des hommes qui ont lutté
contre des mesures dont ils savent qu’elles vont les pénaliser se retrouvent
aujourd’hui dans la difficulté ne les arrête en rien, au contraire. C’est une
sanction, c’est un avertissement pour l’ensemble des travailleurs, des
salariés.
Cette
injustice fondamentale renvoie à la conception même du droit de grève. Si la
constitution en pose le principe, c’est parce que la grève est légitime en tant
que mode d’action dans une situation de conflit. Emmanuel Macron et son
gouvernement ont pris la responsabilité de ce conflit, avec une « réforme »
des retraites qui va non seulement pénaliser la quasi-totalité des salariés, mais
dont l’objectif inavoué est de faire éclater à terme ce bien de la nation qu’est
la retraite par répartition, fondée sur la solidarité entre les générations. C’est
à cela que s’opposent les cheminots et pas seulement pour eux, mais aussi bien
pour les salariés du privé que les non-grévistes que la direction de la SNCF a
choisi de récompenser. C’est la carotte et le bâton, quand ce n’est pas la
matraque au sens propre. Les fiches de
paye à zéro sont pour toutes et tous un appel au soutien et à l’action, face à
la volonté manifeste du pouvoir, contre les cheminots, les gilets jaunes et d’autres,
de soumettre le pays.
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