« Choix », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité de ce jour !
Chaque
scandale sanitaire débute avec la même inertie coupable et son cortège d’hypocrisie.
Que ce soit sur l’amiante, le Mediator ou encore le Distilbène, les pouvoirs
publics ont toujours traîné les pieds, tandis que les bonnes âmes se
bousculaient pour relativiser la nocivité des substances incriminées, brandir l’argument
économique ou encore défendre l’idée d’un combat à petits pas, là où une action
urgente était nécessaire pour sauver des vies. L’épineux dossier des pesticides
agricoles semble bien parti pour suivre cette même voie du déni.
Depuis
une quinzaine d’années l’impact délétère des herbicides insecticides et autres
fongicides de synthèse sur les humains et les éco - systèmes a été largement
mis en évidence. Dès 2007, le Grenelle de l’environnement fixait un objectif de
réduction de 50% de l’usage de ces produits phytosanitaires. Résultat ?
Rien. Douze ans plus tard, et quelques 71 millions d’euros consommés, le
recours aux pesticides a augmenté de 25%...Douze ans de perdus. Et une
conclusion simple : les gouvernements successifs n’ont pas pris la mesure
du problème.
Face
au poids des lobbies et de l’ampleur de la tâche, ils ont tous joué à minima. Le
gouvernement Philippe ne fait pas mieux. Pis, il y ajoute une bonne dose de
cynisme. Son règlement publié fin décembre sur les zones de non-traitement
larges de 3 à 10 mètres prend l’allure d’une plaisanterie lorsqu’il prétend protéger
ainsi les riverains – et les paysans eux-mêmes – des effets cancérogènes,
mutagènes ou perturbateurs endocriniens de pesticides qui se dispersent sur des
kilomètres…
Le sujet
est tout sauf simple. L’emploi de ces produits pour lutter contre les parasites
et les maladies fait partie intégrante du modèle agricole français intensif et
a participé à son succès. Rompre avec ces décennies de pratiques qui mènent les
agriculteurs – et la planète – dans le mur demande des choix courageux et un
accompagnement au plus près des travailleurs de la terre. Sortir du déni est à
ce prix.
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