« Spirale infernale », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !
Au moment
où le chef de l’État braque les projecteurs sur les dangers d’un « séparatisme
islamiste » qui aurait fait sécession des lois de la République, l’attentat
d’outre-Rhin nous rappelle qu’un autre péril monte aux portes de notre pays. Ce
péril, selon toute probabilité responsable de neuf assassinats, mercredi soir
en Allemagne, c’est celui de la haine raciste qui échauffe les esprits avant d’armer
le bras de dangereux illuminés. Prenons garde que le virus du terrorisme d’extrême
droite ne soit pas en train d’incuber chez nous aussi, dans les méandres de
cerveaux excités par la dose de stigmatisation médiatique quotidienne de
Français ou d’étrangers, musulmans de préférence.
Ce danger-là
doit être combattu avec la même vigueur et la même détermination que l’intégrisme
religieux, cette nourrice d’idéologie de mort. Ces deux menaces sont d’ailleurs
plus semblables qu’il paraît. Chacune prospère sur le même terreau d’exploitation
de la misère et de détournement des colères, dans lesquelles le « séparatisme »
de l’État, qui s’est retiré de quartiers entiers transformés en déserts de
services publics, porte sa part de responsabilité. L’un et l’autre poison ont
leurs relais légaux bien installés dans la société, qui théorisent la haine de
la différence et le culte de l’entre - soi, souvent sans autres liens qu’intellectuels
avec des groupes ou des individus versant dans l’ultra - violence.
La lutte
contre ces fléaux, pour être efficace, doit employer les mêmes moyens :
viser les causes profondes pour prévenir les effets, stigmatiser les vrais
coupables et non les populations, ne pas cautionner les discours extrémistes. Ce
n’est pas la stratégie choisie par les autorités de notre pays. Si les actes
terroristes islamistes ou racistes sont unanimement condamnés – y compris, d’ailleurs,
par les semeurs de haine aux mains propres –, la tolérance, voire la
banalisation, pour de basses raisons de calcul électoral, des thèses de l’extrême
droite, est plus qu’une faute politique. Elle accroît les fractures au sein de
la population et, ce faisant, favorise les « séparatismes » de tout
poil que l’on prétend combattre. Il est urgent de stopper cette spirale
infernale.
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