Bidouillages et entourloupes (Patrick Le Hyaric)
L’Assemblée
nationale entame en séance plénière le débat sur le projet gouvernemental de
destruction des retraites solidaires alors que les députés de la majorité ont
éteint la commission spéciale mis en place à cet effet. Tout montre désormais
que l’Assemblée nationale élue dans la foulée des élections présidentielles
pour conforter le président n’est pas représentative de l’opinion majoritaire
du pays. En effet, elle refuse d’entendre les critiques émises au sein même de
l’hémicycle comme dans la rue et les usines.
67% de nos concitoyens demandent à pouvoir donner leur avis dans le cadre
d’un référendum. Un acte démocratique de première importance consisterait à
leur donner la parole après un débat documenté, argumenté. Les citoyens, les
travailleurs, veulent savoir comment se passera la dernière partie de leur vie,
de celle de leurs enfants et petits-enfants. Il s’agit ici d’une responsabilité
de type anthropologique. Nous sommes d’autant plus fondés à le réclamer
une consultation populaire que jusque-là le pouvoir s’est beaucoup contredit.
Il n’est pas exagéré de dire qu’il a beaucoup menti. Le gouvernement n’a jamais
donné le mode de calcul de cette fameuse valeur du point. Surtout, il ne dit
pas qu’il existera une valeur du point d’acquisition qui ne sera pas la même le
jour de la liquidation de sa retraite.
Mais
voici qu’une nouvelle entourloupe encore plus spectaculaire est inventée.
Elle consiste non plus à déterminer le niveau des pensions à partir de la
moyenne des salaires, ce qui déjà faisait baisser le niveau des retraites, mais
à inventer un nouvel indice qui n’existe donc pas encore : le revenu moyen
d’activité par habitant. Pourtant, le 11 décembre dernier puis les semaines
suivantes, le premier ministre avait certifié que le point de retraite serait
indexé sur les salaires et disait en garantir le pouvoir d’achat. Déjà le
gouvernement veut faire voter le parlement sur un texte qui comporte des blancs
notamment sur les moyens de financement. Voici qu’il lui demande de légiférer
sur un texte fondamental qui engage l’avenir des générations à venir sur un
nouvel indicateur qu’il demande à l’Institut national de la statistique de
bricoler dans l’urgence en contradiction totale avec les règles d’indépendance
de cet organisme. Ce mode de calcul où on fait la moyenne des revenus de
salariés précaires, des paysans et artisans, de tous les indépendants, des
salariés de la fonction publique aboutit à réduire le niveau de toutes les
pensions.
A cette
inavouable opération, s’en ajoutent une autre : un amendement des macronistes
indique que tous les revenus d’activité seraient pris en compte …. à l’exception
de ceux du capital et de l’épargne. Le projet caché est donc bien de
réduire sans cesse la part des dépenses publiques consacrée aux retraites.
Dans un tel
contexte, il conviendrait que les médias qui sonne l’hallali contre les groupes
d’opposition au parlement leur enjoignant de cesser de bloquer l’adoption de la
loi aient la pudeur d’informer totalement nos concitoyens et de cesser de
s’immiscer dans un débat parlementaire dont les conséquences historiques
pourraient être dramatiques. Compte tenu de l’enjeu, les parlementaires de
gauche ont raison de tout faire pour stopper le saccage en préparation des
retraites solidaires par répartition. Ils sont le point d’appui de la majorité
de nos concitoyens qui refusent ce néfaste projet. Le gouvernement n’a d’autre
moyen de s’en sortir honorablement que de soumettre son texte à référendum. Que
le peuple tranche !
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