LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

mercredi 5 février 2020

Conseil territorial : " Intervention de Sofia DAUVERGNE, sur le Plan Local d'Urbanisme Intercommunal !


Intervention de Sofia Dauvergne, Conseillère territoriale au Conseil du mardi 4 février 2020, sur le PLAN LOCAL D’URBANISME INTERCOMMUNAL

J’ai participé à la rencontre publique de présentation du PLUi aux conseillers territoriaux et à la population, nous n’étions pas nombreux,  par contre des habitants de Romainville étaient présents et on fait part de leurs observations. Certaines ont été prises en compte et je remercie le travail des services et de Jean-Charles Nègre.

A ce titre, je souhaiterais rappeler quelques axes abordés qui font débat, sur la densification, la qualité environnementale, la mixité sociale, les services publics.
La loi NOTRe de 2015 a créé 22 métropoles provinciales et la Métropole du Grand Paris. Le schéma Directeur de la région Île de France a fixé comme objectif : construire 70 000 logements par an. L’arrivée des nouvelles infrastructures de transports en commun autorise l’augmentation de 10% à 15% de logements aux alentours des gares et stations. Or, la région parisienne est déjà le territoire le plus dense de toute l’Europe. Paris et les trois départements de la petite couronne forment un territoire avec une densité d’environ 9000 habitants au km2.

Et concernant Est-Ensemble, il constitue, après Paris, le territoire le plus dense de la Métropole du Grand Paris avec 415 958 habitants pour une superficie de 39km2. Le PLUi porte un projet de territoire au développement intense avec un rythme de 2800 logements par an à l’horizon 2030. En Seine saint Denis, la maison individuelle représente plus d’un tiers des constructions résidentielles du tissu urbain. Alors la chasse aux pavillons est ouverte. La transformation des quartiers pavillonnaires se fait de différentes manières :

-La transformation des constructions existantes
-La mobilisation du foncier disponible
-La division parcellaire
-Le remembrement parcellaire.
Sur la commune de Romainville, la chasse a été ouverte depuis de nombreuses années sans attendre la loi Notre.

En 20 ans, la population est passée de 23500 habitants à 26669 habitants. Les espaces de vente temporaires et les affiches des promoteurs font partie du paysage.
La concertation avec les habitants est inexistante. Les constructions se font à marche forcée, sans vision d’ensemble. Le PLU de  2009 en est à sa 15ème modification. On a fait la chasse à l’étalement urbain au profit d’une sur-densification avant même les objectifs du SDRIF.

Sur la qualité environnementale
Si l’objectif à terme est de 10m2 d’espaces accessibles, par habitant, nous constatons que chaque nouvelle construction comporte très peu ou pas d’espaces de jeux collectifs pour les enfants. Bien souvent les promoteurs privés voient dans les espaces verts et publics et dans leurs abords des m2 de foncier disponibles attractifs.
Si l’objectif de 10m2/habitant est un objectif ambitieux encore faut-t-il que la répartition soit équitable entre les différents quartiers. Les espaces de nature en pleine terre et de respiration en milieu urbain sont des biens communs indispensables socialement,   économiquement et écologiquement. Les toitures végétales ne peuvent remplacer les espaces ouverts et de pleine terre. Les sols doivent être préservés afin de permettre l’adaptation au changement climatique.

Sur la valorisation du territoire existant et l’histoire des territoires
La France a un réseau de villes dont chacune est le fruit d’une histoire. L’urbanisme doit se construire sur ces histoires. C’est aussi reconnaître la dignité des populations, elles ont une histoire. Tout n’est pas parfait dans l’urbanisme des banlieues mais tout n’est pas à mettre à la poubelle.
Aujourd’hui, au nom de la mixité  sociale, l’ANRU impose d’élaborer des projets urbains incluant des démolitions de logements sociaux et la construction de logements intermédiaires et en accession à la propriété.

Pourtant, la proximité spatiale n’engendre pas automatiquement de proximité sociale. Au contraire, elle peut déstabiliser le tissu social existant. Souvent, les démolitions brisent les liens de voisinage qui sont parfois le seul capital social significatif pour les ménages en difficulté. Lorsque le déménagement les conduit dans un quartier de classes moyennes, l’intégration n’est pas facile. Cette dispersion met à mal les réseaux de solidarité et d’organisation politique d’un quartier populaire. Tout débat est alors biaisé.

Non, la mixité sociale telle qu’elle est entendue aujourd’hui ne vise pas à l’amélioration de l’habitat populaire mais à sa dilution. La politique de démolition/reconstruction n’est pas raisonnable. 
La destruction bouscule les gens. « On peut être rigoureux et créatif à la fois, généreux et économique en valorisant l’existant ». Mais,  cela n’est possible qu’avec un travail collaboratif précisent les architectes Anne Lacaton et Jean Philippe Vassal. « Il faut considérer les habitants comme des partenaires ». Malheureusement pour les habitants et pour l’histoire de notre ville, les choix sont aux antipodes de cette vision de l’architecture et de l’urbanisme. (Je prendrai en exemple la cité Gagarine ou entre 2020 et 2027, 476 logements seraient détruits, puis la cité des Mares et la cité De Gaulle).Nous sommes bien loin de la valorisation des territoires existants.

Sur l’accès aux services publics
En quelques années, nombreux sont les services publics de proximité qui ont fermé : CPAM, Pôle emploi, Trésor public, office public de l’habitat. Même, si la plupart ne relève pas des compétences du territoire, peu d’actions ont été initiées avec les habitants pour résister contre ces fermetures.

Enfin la question démocratique : cette obligation du transfert et du regroupement des PLU locaux. On assiste depuis des années à une entreprise de dessaisissement des communes, de leurs compétences sur une quantité de sujets, mais il s’agit cette fois d’un point fondateur : la gestion du territoire. Que tous nous souhaitions et souhaitons toujours être au plus près des habitants.
Aussi, mon vote contre, affirme mon opposition à cette vision de l'aménagement du territoire. Espérant que le PLUi ou les politiques à venir permettront aux populations de décider de la ville dans laquelle ils veulent vivre.

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