« Stop », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
On eut
le sentiment hier qu’un scénario de l’infamie écrit d’avance se réalisait quand
est tombée la première dépêche AFP rapportant ces mots : »Les avions
de guerre turcs ont commencé à mener des frappes aériennes sur des zones
civiles. » quelque temps après, c’est le président turc lui-même qui
annonçait le début de l’opération cyniquement nommée « Sources de paix »,
visant selon lui les terroristes de Daech et d’YPG, mettant donc sur le même
plan l’organisation terroriste et ceux qui l’ont combattue avec le courage et l’énergie
que l’on sait.
Mais
l’infamie, c’est d’abord celle de Donald Trump. Son annonce dimanche du retrait
des forces américaines de la zone marquera d’une flétrissure la présidence de
la première puissance mondiale. Il savait qu’il laissait le champ libre à
Erdogan pour écraser les Kurdes, qu’il combat avec autant de violence et de
hargne à l’extérieur qu’à l’intérieur de la Turquie. Qui pouvait croire
sérieusement à ses paroles quand, face aux réactions aux États-Unis et chez
certains républicains eux-mêmes, il menaçait la Turquie de représailles
économiques si « elle dépassait les bornes » ? C’est la
frontière qui est franchie. Il a prétendu justifier sa décision en jouant de la
repentance à propos des interventions américaines au Moyen-Orient, qui auraient
été « la pire des décisions de l’histoire des États-Unis », à partir
d’un mensonge sur des armes de destruction massive qui n’existaient pas. Comme si
un mensonge pouvait le gêner. Que dire de l’avertissement de Vladimir Poutine
invitant le président turc à « bien réfléchir ».
L’Union
européenne a « exigé » l’arrêt de l’offensive. La France, qui s’était
contentée jusqu’alors de demander à la Turquie de se garder de toute « décision
unilatérale » a monté le ton hier en condamnant fermement l’agression et
prépare une résolution avec l’Allemagne et le Royaume-Uni. Le Conseil de
sécurité va se réunir aujourd’hui en urgence. Nous sommes entrés dans un
engrenage guerrier. Les forces de progrès doivent porter une seule exigence. Stop !
Arrêt immédiat de l’offensive turque.
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