Le budget de la nation et nos vies (Patrick Le Hyaric)
De toutes
parts tout éclate, tout explose sous l’effet d’années de réductions des
dépenses sociales utiles. Multiplication des incidents voir des accidents à la
SNCF, asphyxie des hôpitaux et de l’ensemble du système de santé, aggravation
du malaise à l’école, manque criant de moyens pour la justice et les services
de sécurité et de gendarmerie, pompiers pompés, communes et départements aux
moyens violemment rabotés.
La liste est
longue des dégâts provoqués par l’austérité au nom des absurdes et inefficaces
critères des traités européens, eux-mêmes calqués sur ceux des grandes
institutions financières internationales. Du reste, c’est dans le monde entier
– du Liban, à l’Irak de l’Argentine à l’Equateur, du Chili à l’Afrique et
dans plusieurs pays européen- que les populations commencent à se soulever
contre l’inhumanité des restrictions infligées aux familles populaires, quand
l’infime minorité des possédants voit son patrimoine gonflé, ses revenus issus
des profits et des dividendes mis à l’abri dans des paradis fiscaux grâce à des
décideurs politiques gangrenés à plus ou moins grande échelle par la
corruption.
Alors que la
discussion sur la préparation du budget devrait faire l’objet d’un débat public
avec le gouvernement et les parlementaires, tout est fait pour que nos
concitoyens n’aient aucune prise sur les choix à faire. Pire, tout est
fait pour les déconnecter de la vie concrète. Tous les citoyens en subissent les
conséquences et le pouvoir n’a de cesse de diviser les salariés.
C’est ce
qu’il vient de faire concernant la SNCF et l’insécurité que mettent en lumière
les cheminots. La même démarche de mépris et de morgue est opposée aux
enseignants, aux hospitaliers ou aux pompiers. Le gouvernement ne se place plus
du tout du point de vue de l’intérêt général. Il applique avec zèle, comme un
vulgaire commissaire politique, les injonctions des puissances d’argent qui en
demandent sans cesse plus. L’austérité budgétaire n’est donc pas la conséquence
d’une nécessité mais du choix de transférer de plus en plus de moyens destinés
aux biens communs vers les détenteurs de capitaux et de patrimoines.
On pourrait
commencer à apporter des réponses aux manques de moyens des services publics en
créant, aux côtés de la Caisse des dépôts et de la Banque publique
d’investissement, un fonds de développement des services publics de 100
milliards d’euros, nourri par des prêts à taux négatifs auprès de la Banque
centrale européenne. Ceci permettrait à la fois du mieux-être pour les agents,
les usagers ou les locataires tout en prenant le chemin de la transition
écologique. Loin de s’y engager, le budget prévoit la suppression de 5000
postes d’agents affectés au ministère de la transition écologique. L’examen de
l’exécution budgétaire depuis l’année 2018 montre que les redevables de l’impôt
sur la fortune ont bénéficié d’une ristourne de 10 milliards d’euros, et les
entreprises qui profitent du système dit de la Flat-Tax de 5 milliards, quand
la diminution de l’impôt sur les sociétés s’élève à plus de 15 milliards
d’euros. Il conviendrait d’y ajouter le grand cadeau des 45 milliards lié au
CICE pour les entreprises qui ne rendent aucun compte de leur utilisation.
Nous
assistons donc bien à un transfert de l’argent public vers le privé sans
contrepartie pour le travail et les services publics. C’est l’Etat social que
le pouvoir démolit brique par brique. Le combat populaire et unitaire pour la
justice fiscale, le développement et la démocratisation des services publics ne
devrait donc pas faiblir. Les cheminots comme les personnels de santé ne se
liguent pas contre les usagers ou les patients mais bien contre des choix au
service des puissances d’argent. Il convient donc de ne pas se laisser prendre aux
tentatives de division organisées par le pouvoir et son arsenal médiatique. Que
de contorsions déployées pour tenter de contourner la mobilisation et l’unité
qui montent contre une contre-réforme des retraites qui, elle aussi, n’a que
pour objectif que de nourrir les fonds d’épargne retraite en cours de
constitution !
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