« La course à l’échalote », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
Les enchères
sont ouvertes. Depuis que le commissaire-priseur Macron les a lancées, « Les
Républicains suivent la mise du Front national et en rajoutent sur l’exclusion
des immigrés. Mais LaREM garde toutes ses chances, évoquant un durcissement des
critères d’asile, la suppression ou la limitation de l’aide médicale d’État ou
la fin du regroupement familial. Le débat sur l’immigration imposé par le
président de la République confirme qu’il n’avait pour seul but d’occulter la
question sociale qui le gêne. L’Élysée ne l’a nullement conçu comme la
réédition de l’affrontement avec les thèmes haineux du Rassemblement national. L’épisode
est envisagé comme un exercice de « triangulation », une synthèse
avec les thèses du rejet qui priverait l’extrême droite de l’exclusivité sur le
sujet. La risque est immense de déporter la société française loin de l’accueil
et la fraternité, qui figure au fronton de nos bâtiments publics. Et de
rapprocher notre pays des régimes nationaux-populistes qui gagnent des
positions en Europe.
Emmanuel
Macron a résumé son objectif : « ne pas être un pays trop attractif ».
Déjà les étudiants étrangers en font les frais avec une hausse spectaculaire du
tarif des inscriptions dans nos universités. Les expulsions seraient
multipliées et accélérées, le chef de l’État jugeant que « nous
reconduisons beaucoup trop peu » les déboutés du droit d’asile et les
sans-papiers. Tout cela serait destiné à complaire aux classes populaires, qu’il
juge, en leader d’un « parti bourgeois », acquises au racisme et à l’extrême
droite.
Dès aujourd’hui,
nous allons en entendre de belles à l’Assemblée nationale. Marine Le Pen
bénéficiera d’un bonus de temps de parole grâce à un député de la majorité
présidentielle qui le lui a offert. Grosse ficelle pour tendre un collet. Foin des
chiffres et des réalités ! La droite dans ses différentes variantes entend
jouer sur des peurs et des frustrations. Accepter cette course à l’échalote,
une main au col, l’autre au fond de pantalon, nous garantirait le pire.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire