« Donald Trump à la recherche du chaos », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
Une nouvelle
fois, le chaos a été décidé à Washington. En lâchant la laisse d’Erdogan,
Donald Trump n’a pas seulement trahi ses alliés kurdes, ceux qui avaient battu
Daech les armes à la main. Il a choisi la libération de terroristes qu’on
savait inévitable en cas d’agression turque. Il a créé les conditions d’une
confrontation entre l’armée d’Ankara et celle de Damas. Enfin, il a poussé les
kurdes dans les bras d’Assad. « Entre les compromis et le génocide pour
notre peuple, nous choisirons la vie », a expliqué le haut commandement
des FDS.
Le président
des États-Unis a annoncé le retrait total de ses troupes du territoire Syrien,
contraignant ses alliés français et britanniques à se replier piteusement à sa
suite. Le bilan est donc désastreux, en termes humanitaires, avec des dizaines
de milliers de réfugiés et des centaines de victimes, mais aussi en termes
politiques. Désormais, la Russie a seule la main dans la région. Damas va
pouvoir imposer la plupart de ses conditions aux Kurdes, qui avaient pourtant
infusé au Rojava des valeurs démocratiques, de partage, féministes.
Les autorités
françaises se sont lourdement discréditées dans ce conflit, l’impuissance
succédant à la passivité, les phrases tournant à vide quand Trump et Erdogan
décidaient pour elle, les négociations sordides sur le dos des exilés, permettant
les manœuvres de l’autocrate turc.
Est-il
trop tard pour que Paris retrouve sa voix et une voie ? Non, pour peu que
les démocrates se lèvent avec vigueur dans notre pays et imposent que des
sanctions autres que cosmétiques soient décrétées contre Ankara, à condition
que l’Europe s’émancipe des États-Unis at que notre pays échappe aux liens de l’Otan.
Après des années où nos gouvernants successifs se soient fourvoyés sur les
moyens de garantir l’intégrité d’une Syrie démocratisée et sur les remèdes au
poison terroriste, la France doit redevenir un acteur dynamique. Il en va de la
qualité de son avenir. À Paris comme à Kobané.
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