« Diplomatie Aramco », l’éditorial de Christophe Deroubaix dans l’Humanité de ce jour !
Donald
Trump tient bon Ben Laden. Ou presque. En 2011, Barack Obama était venu
solennellement annoncer à ses concitoyens que « justice » (sic) avait
été faite avec l’exécution de l’ennemi numéro 1. Hier midi, son successeur a
dévoyé le même noble idéal pour annoncer la mort d’un autre apôtre de la
violence terroriste : Abou Bakr Al Baghdadi, le calife de l’« État
islamique ».
La charge
symbolique est moindre : le djihadiste avait frappé l’empire en plein cœur ;
son successeur irakien l’a menacé dans une marge lointaine. Mais,
politiquement, le profit est incontestable pour l’hôte de la Maison-Blanche. Son
attitude chaotique et cavalière vis-à-vis des Kurdes de Syrie lui avait valu
jusqu’à la désapprobation de ses plus fidèles soutiens. L’annonce de la mort du
cerveau de Daech permet au président américain de procéder à une sorte de
grande réconciliation où la Turquie, la Russie, l’Irak, la Syrie et même les
Kurdes de Syrie se retrouvent. Une réconciliation dont la puissance qu’il
préside, et donc, sa figure même, représente le centre de gravité, il va sans
dire.
Quiconque
pensait encore que Trump était un fieffé isolationniste, adepte du repli total
et de l’abandon du monde à se affres, aura vécu la conférence présidentielle
comme une révélation. Le retrait progressif des troupes ne signe pas un
désengagement total au Moyen-Orient. La présence est plus ciblée et, fidèle à
sa diplomatie sans filtre, Trump n’a pas fait mystère de l’objectif :
sécuriser le pétrole.
Les impôts
de ses concitoyens – argument aussi démagogique que régulièrement convoqué – ne
serviront donc pas à aider les combattants de la liberté – kurdes en l’occurrence
– à sauvegarder leur intégrité, mais des multinationales à faire prospérer
leurs profits.
Mourir
pour Kobané, non. Pour Aramco, oui. Figurez-vous que le président des États-Unis
a bien cité nommément le géant pétrolier saoudien. CQFD.
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