« Politiques du pire », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Il y a presque un an jour pour jour, le prix Nobel de la paix était attribué à la
jeune Kurde Nadia Murad, devenue une militante des droits de la personne et
ambassadrice de bonne volonté des Nations unies après avoir été prisonnière et
esclave, comme d’autres membres de la communauté yezidie, de l’« État islamique ».
Ce sont aujourd’hui les siens que la Turquie d’Erdogan assassine en redonnant,
en même temps, à ses anciens bourreaux, la possibilité de revenir plus forts
sur le terrain.
La crise
ouverte depuis deux jours jette un jour cru, et cruel, sur les réalités
actuelles du monde. Après l’ignominie de la trahison, Donald Trump semble avoir
atteint les sommets de la bêtise au front de taureau en déclarant, pour
justifier sa décision de retrait, que les Kurdes n’avaient pas aidé les
américains pour le débarquement en Normandie ! En réalité, il ne répond
pas à ceux qui, comme le font deux des plus importants commandants des forces
américaines au Moyen-Orient et en Europe, les généraux Votel et Hertling parmi
d’autres, critiquent vivement une décision qui va porter atteinte à la
crédibilité des États-Unis. Il s’adresse, pour des raisons de politique
intérieure, à cette partie de son électorat pour qui les Kurdes ont autant de consistance, voire moins, que les
extraterrestres. L’agression turque est l’un des prix à payer pour sa
réélection.
L’Europe
n’est pas épargnée par la crise. Elle a, certes, condamné l’offensive, et la France
a saisi les Conseil de sécurité de l’ONU, appelé à se réunir hier. Mais la
réponse d’Erdogan, dans sa brutalité, vient pointer les limites de cette
condamnation : « Si vous essayez de présenter notre opération comme
une invasion, nous ouvrirons les portes et nous vous servirons 3,6 millions de
migrants. » C’est le résultat du deal honteux passé avec la Turquie par
les autorités européennes pour qu’elle fasse tampon, contre finances, en
retenant chez elle une grande part des réfugiés et des migrants. Ce qui se
dévoile là, c’est le pire de la politique internationale. C’est dire l’impérieuse
nécessité des mobilisations citoyennes à construire pour y faire face.
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