« L’incendie social », l'éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité de ce jour !
Un CRS,
bras tendu, expédie un jet de gaz lacrymogène en plein visage d’un pompier. Deux
symboles de la République, d’habitude coopérants, cette fois face à face. L’un
agressant l’autre. L’image, effarante, n’en finit plus de tourner sur les réseaux
sociaux. Tout comme les multiples vidéos de soldats du fau traînés au sol sans
ménagement. Certains blessés au sang. La répression de mardi après-midi, à Paris,
suscite l’indignation générale, jusque dans les rangs mêmes de la police. Et interroge
chacun : comment, dans un grand pays démocratique, les représentants d’une
profession si populaire, dont le sacrifice et l’engagement citoyen sont
régulièrement salués, peuvent-ils se retrouver brutalisés et humiliés de la
sorte ?
La réponse
est à chercher du côté du gouvernement, qui, de toute évidence, ne se fixe plus
aucune limite dans le mépris des revendications sociales. Et la répression de
ceux qui les expriment, qu’ils soient gilets jaunes ou pompiers. Pointée du
doigt, la préfecture de police a rejeté la faute sur certains manifestants « irresponsables »
qui auraient maintenu des actions « en dépit des ordres de dispersion ».
La belle affaire ! Les vrais « irresponsables » ne sont pas les
sapeurs. Surtout pas. Mais bien ceux qui laissent, comme pour les urgences,
pourrir ostensiblement la situation d’un service public en souffrance.
Faut-il
le rappeler ? Les pompiers ont posé des revendications depuis le mois de
mars et mènent un grève depuis le 26 juin, prolongée jusqu’au 31 octobre. Un mouvement
d’une patience et d’une ampleur inédites, aux attentes aussi claires que
légitimes, que ce soit sur la « sursollicitation » des équipes, les
effectifs ou encore la revalorisation de la prime de feu. À cela, le ministre
de l’Intérieur, Christophe Castaner, n’a toujours pas apporté de réponse
crédible. Il a longtemps joué l’indifférence, allant jusqu’à railler en août
ces « 5% de grévistes ». Avant de ressortir des tiroirs la vielle
idée d’un « numéro unique » d’urgence et, depuis mardi, une volée de
matraques…Autant dire que l’incendie social, chez les pompiers comme ailleurs,
n’est pas près de s’éteindre.
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