« Ne pas se voiler la face », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Ne tournons
pas autour du pot. Quoi que l’on pense du fait religieux, des rituels qui y
sont attachés, de ses manifestations vestimentaires, nous sommes, avec la
question de l’accompagnement des sorties scolaires, dans la confusion, ce qui
est une chose, et dans l’instrumentalisation détestable, surtout, d’une partie
de la population française. Confusion quand on confond voile et foulard, et qu’on
les renvoie à l’islamisme radical. Il faudrait désormais que les mères de
famille musulmanes soient écartées de toute activité de partage, de rencontre,
de découverte avec leurs enfants et ceux de leurs voisins au simple motif qu’elles
pensent conforme à leur religion de se couvrir les cheveux ? Il est vrai,
des laïcs, des progressistes assurent qu’on le pense à leur place. Peut-être,
dans certains cas, mais qui peut en décider, et la société de vigilance qu’appelle
Emmanuel Macron a-t-elle vocation à enquêter sur la vie de chacun, surtout de
chacune, et le bien-fondé de ses choix ? La réponse au terrorisme
islamiste serait donc une société totalitaire qui ne dirait pas son nom ?
Ces polémiques,
au-delà de la méprisable sortie d’un élu du Rassemblement national qui a fait
la buzz qu’il souhaitait, sont le reflet de la profonde crise politique que
nous traversons. Les idées d’extrême droite sont banalisées à un niveau sans
précédent depuis des décennies. L’affaire Zemmour à Cnews en témoigne. Emmanuel
Macron a décidé, on ne le dira jamais assez, de mener sa politique en duo avec
le Rassemblement national. En durcissant, comme l’ont noté tous les
commentateurs, que ce soit pour le regretter ou s’en réjouir, son discours sur
l’immigration, il a aussi glissé insidieusement un peu plus de poison dans les
consciences en évoquant les catégories populaires qui seraient les premières à
en souffrir et, sous-entendu, à souffrir de ceux qui sont déjà là et qui en
viennent. Ne soyons pas dupes. Faute de répondre aux questions sociales, à
celles des inégalités, des services publics, à celles posées par sa réforme des
retraites, le pouvoir est en pleine opération de diversion et ce n’est pas le
moment de se voiler la face.
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