« Meurtres à la préfecture de police », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
Le lieu
même de la tragédie en décuple l’impact. La préfecture de police de Paris, dans
l’île de la Cité, paraît à l’abri du meurtre. Les femmes et les hommes qui y
travaillent poursuivent le crime et ses auteurs. La quadruple meurtre commis
par un des leurs fragilise l’institution et suscite des frissons. S’il est trop
tôt pour que les motivations de l’assassin soient établies avec certitude, tout
exclut, pour l’heure, l’hypothèse terroriste.
Une étude
de l’administration états-unienne du travail, parue début septembre, revient en
mémoire. Outre-Atlantique, le meurtre constitue la troisième cause de mortalité
au travail, après les chutes fatales et les accidents de la route. Déception amoureuse,
promotions ou augmentations désirées et refusées, découverte d’une fraude ou d’une
escroquerie sont les motifs invoqués de ces crimes commis surtout à l’aide d’armes
à feu ou d’armes blanches.
On se
tue beaucoup aux États-Unis. Sans doute… Mais le massacre, hier, à Paris semble
nous en rapprocher. Narcissisme pathologique ? Déséquilibre psychiatrique ?
Vraisemblablement. Cependant, le drame conduit aussi à interroger la montée de
la violence dans les rapports professionnels, la déshumanisation qui accompagne
la productivité à outrance, la trop fréquente perte de sens du travail. La brutalité
de la société marginalise le débat dans les rapports sociaux et réduit les
parcours professionnels à des responsabilités individuelles. Avec des chocs en
retour dévastateurs.
Est-ce
de ces conséquences de la brutalité dont souffrait cet employé administratif ?
Rien ne le dit, à notre connaissance. Mais la tragédie intervient alors que des
milliers de policiers ont exprimé la veille malaise et mal-être en défilant
dans la rue lors d’une marche de la colère. Ne mélangeons pas tout. Mais ne
séparons pas tout.
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