« Nous », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
« Il
n’y a pas de fatalité, jamais, c’est nous qui faisons l’histoire. »
Comment ces mots de la réalisatrice et écrivaine Carmen Castillo, au cœur de l’extraordinaire
mouvement qui soulève le Chili, pourraient-ils ne pas résonner dans nos
colonnes ? Le président Pinera parlait de guerre.20 000 militaires ont été
déployés dans les rues. On dénombre plus de 2000 arrestations, on parle de
lieux clandestins de torture, de viols systématiques. Mais rien n’y fait. Alors,
tout en maintenant la pression, il a voulu se faire agneau en demandant pardon,
oui, pardon au peuple pour n’avoir pas compris plus tôt l’ampleur du
mécontentement. Il a parlé d’une hausse des retraites et du salaire minimum, du
gel de certains tarifs…Rien n’y fait.
Le compte
n’y est pas, mais, surtout, ce que disent rejeter des centaines de milliers de
Chiliens dans les rues, c’est la chape de plomb de plus de quatre décennies d’ultralibéralisme.
Tout, de l’eau à la santé, a été privatisé et le pays entier est aux mains des
multinationales. Il a servi de laboratoire in vivo aux docteurs criminels du
capital, tandis que les grandes fortunes, dont Sébastian Pinera est l’un des représentants,
s’emparaient du pouvoir. Si un pour cent des Chiliens concentre plus du quart
des richesses, la moitié du peuple ne détient que 2,1% de cette richesse !
Mais
ce qui se passe en ces heures est aussi au-delà des frontières du Chili. « Ce
qu’on vit, dit encore Carmen Castillo, devrait alerter le gouvernement français
et tous les gouvernements de la planète dévoués au néolibéralisme. » On
peut se souvenir des mises en garde, au dernier forum de Davos, formulées par
certains experts du FMI eux-mêmes, évoquant les possibilités croissantes de
révoltes des peuples. Au Liban, les questions sociales jouent autant, sinon
plus, que les questions confessionnelles dans l’immense protestation en cours
dans le pays. On y décrit aux barrages routiers des volontaires qui apportent
du café, des biscuits. Comme un air de déjà-vu, ici. Il se passe quelque chose
dans le monde qui s’appelle l’histoire.
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