« Guerre au peuple », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Onze
morts déjà au Chili. Couvre-feu dans la capitale, état d’urgence depuis
vendredi dans neuf des seize autres régions du pays. Près de 10 000 policiers
et soldats déployés…Le pire est à craindre. Alors que des militaires et des
chars patrouillent dans les rues, ravivant le terrible souvenir du coup d’État
d’Augusto Pinochet en 1973, ce n’est pas qu’une image. Les mots du président
Sébastian Pinera sont une véritable agression contre le peuple chilien : « Nous
sommes en guerre contre un ennemi puissant qui ne respecte rien ni personne. »
En guerre ! Contre des hommes, des femmes, dont des dizaines de milliers
de jeunes qui ne réclament pas autre chose que le droit de vivre dignement.
On pouvait
lire, hier, sur des photos des manifestations
ces simples paroles : « Dignidad, no militares ». Mis le
pouvoir chilien entend répondre par la force. La personnalité même du président
Pinera réveille les démons que l’on croyait enfuis avec les vingt années de
pouvoir plus ou moins de gauche et la présidence de Michèle Bachelet. Surnommé le
Berlusconi chilien, multimilliardaire, affairiste notoire, il est aussi le
frère de l’homme qui a instauré sous le pouvoir des militaires la retraite par
capitalisation conformément à sa doxa libérale et qui s’est traduite par un
appauvrissement drastique de millions de chiliens. Lors de sa première
présidence, de 2010 à 2014, il a appelé auprès de lui dans la haute
administration d’anciens responsables des années Pinochet, dont un militaire
qui aurait participé après le coup d’État à « la caravane de la mort ».
le président Pinera, s’il a reculé sur certains points, est homophobe,
anti-avortement, il a pulvérisé pendant son premier mandat la parité établie
auparavant.
Le Chili
est communément présenté comme le pays le plus riche d’Amérique, mais 1% des
chiliens possèdent 25% de la richesse nationale et le coûte de la vie devient
insupportable aux plus modestes. C’est le résultat des années de thérapie
ultralibérale de choc, mise en œuvre par ceux que l’on a appelés les Chicagos
Boys, hermétiques aux exactions, indifférents à la misère populaire. Sébastian
Pinera continue. Le peuple chilien a besoin de notre solidarité.
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