« Retrait(es) », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
Il est
périlleux de se pencher…sur la sécurité ! Les menaces proférées par le
premier ministre puis par le titulaire du portefeuille des transports à l’encontre
des cheminots ont de quoi atterrer. Un accident ferroviaire dans les Ardennes
faisant une dizaine de blessés parmi les voyageurs ne serait donc pas un bon
motif pour exercer un droit de retrait ! Il faudrait juger normal que le
conducteur, lui-même blessé, se porte à leur secours et qu’il soit le seul
cheminot sur les lieux, parce que l’obsession de la rentabilité a supprimé la
présence des contrôleurs.
Les salariés
de la SNCF qui ont déjà donné l’alerte sur les problèmes de communication des
automotrices devraient donc se taire et prendre le risque de catastrophes. Avons-nous
appris quelque chose du drame de Juvisy, des emplois supprimés et de l’entretien
au rabais ?
Irresponsabilité d’État ? Si le gouvernement appelle à
réprimer les cheminots, c’est au nom d’un triple calcul : s’absoudre à bon
compte d’une désastreuse politique des transports, qui supprime des trains et
menace un service public écologique et sûr ; poursuivre le dénigrement d’une
profession combative ; tenter, par la peur, de freiner le mouvement de
défense des retraites du 5 décembre, au cours duquel la grève du rail jouera un
grand rôle. Édouard Philippe fait la choix vieux comme le vieux monde d’opposer
les usagers – désormais réduits au statut de clients – et les salariés. Au passage
la Macronie porte un nouveau coup au droit syndical et à celui du travail.
La liberté dont se targuent ces libéraux est à usage unique
et l’apanage du seul patronat. La violence policière exercée contre les gilets
jaunes ou contre les manifestants du 1er Mai atteste la volonté de
faire taire les protestations et d’imposer une politique qui ne convainc pas. La
pouvoir n’ignore pas qu’il joue gros en démantelant notre système de retraite. L’inquiétude
lui fait quitter les rails du débat démocratique.
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