« Diktats », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !
Écartons
d’emblée les faux débats. Non, la réforme de l’indemnisation du chômage n’incitera
pas les chômeurs à reprendre plus rapidement un travail. La recette qui
consiste à diminuer les revenus des demandeurs d’emploi a été éprouvée par le
passé. En particulier, la dégressivité des allocations, que le gouvernement
Macron rétablit aujourd’hui pour certains cadres, a conduit à l’effet inverse
de celui recherché dans les années 1990, puisqu’elle a « ralenti le retour
à l’emploi » des chômeurs concernés, selon l’évaluation de cette
expérience publiée en 2001. Et une autre étude a conclu depuis que rien ne
permet « d’affirmer que les chômeurs indemnisés recherchent moins
activement et acceptent moins souvent un emploi que les autres ».
Comment
s’en étonner, sauf à considérer que le problème du chômage viendrait des
chômeurs eux-mêmes et non de l’insuffisance d’offres d’emploi durables ?
Si c’était le cas, on ne compterait pas une moitié de chômeurs non indemnisés,
comme le rappelle souvent le secrétaire de la CGT, Philippe Martinez, pour
souligner que le scandale du chômage est d’abord dans ce chiffre.
Le véritable
objectif de la réforme est ailleurs. Et il est politique. À l’été 2018,
Emmanuel Macron dévoilait toute la portée de la transformation engagée avec le
transfert du financement de l’assurance-chômage sur la CSG, touchant à « la
philosophie même de notre solidarité nationale (…). Il n’y a plus un droit au
chômage au sens où on l’entendait classiquement », assis sur les
cotisations des salariés. Et cela change tout. L’assurance-chômage, désormais « financée
par l’ensemble des contribuables », implique « des droits et des
devoirs, car chacun est alors comptable de tous et tous de chacun », poursuivait-il.
En clair, l’État a maintenant les mains libres pour restreindre comme bon lui
semble l’indemnisation des chômeurs. L’Unédic, organisme de protection sociale
propriété des cotisants, est mort. Bienvenus dans l’Unédic d’État, soumis aux
diktats des gouvernements.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire