LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

dimanche 11 novembre 2018

" Voeu de soutien à Mimmo Lucano, maire du village de Riace " Intervention de Sofia Dauvergne !



Conseil Municipal de Romainville du mercredi 7 novembre 2018 Intervention ; SOFIA DAUVERGNE , Conseillère Municipale, Groupe Romainville Ensemble
Délibération : Voeu de soutien à Mimmo Lucano, maire du village de Riace

Par ce vœu qui reprend l'appel international, les élus de cette assemblée, vont prendre un engagement politique fort sur la politique migratoire et demander au gouvernement d'agir pour obtenir la réintégration immédiate du Maire du village de Riace (Calabre) Accusé d’avoir « favorisé l’immigration clandestine » et qui est aux arrêts domiciliaires depuis le 2 octobre 2018. Nous pouvons qu'approuver cette initiative.
Nous pouvons qu'approuver cette initiative.
Mais, on ne peut pas dénoncer cette situation sans rappeler que La France ne respecte pas la loi concernant l’accueil des migrants. C'est le constat de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme rendu cette année. Préoccupé de voir que, de plus en plus souvent, les réfugiés ne bénéficient pas de la protection dont ils ont besoin et à laquelle ils ont droit.

Emmanuel Macron y a été épinglé. Elle s'est dit, « profondément choquée par les violations des droits des personnes migrantes », à la frontière franco-italienne. Des violations constatées lors de deux missions d’observation dans les Hautes-Alpes et dans les Alpes-Maritimes. Elle estime que « la République bafoue les droits fondamentaux » et « renonce au principe d’humanité et se rend même complice de parcours mortels ». Elle cible clairement « une volonté politique de bloquer les frontières au détriment du respect du droit à la vie et à l’intégrité physique ».Sous Emmanuel Macron, « la République française ne respecte pas plusieurs garanties légales ». Pas d’entretien approfondi ou de délai d’un jour franc avant un éloignement. Des formulaires remplis par « des escadrons de CRS qui travaillent en soutien de la PAF ». Sans oublier les lieux où sont gardés les migrants avant leur reconduite à la frontière : « rudimentaire » au Montgenève, « indigne » à Menton, Port-Saint-Louis. Pas de lit ni de point d’eau, toilette à la turque sans verrou ou en extérieur et sous la neige, aucun budget pour les repas…

L’État doit « sortir du déni et modifier radicalement sa politique responsable de la mise en danger d’êtres humains inacceptables dans notre République » exige la commission. Une formule qui n’est pas que théorique. Au moins 16 migrants sont morts en France entre septembre 2016 et janvier 2018. Mimmo Lucano, surnommé le « maire de l’accueil » s’était mis cet été en grève de la faim pour protester contre la politique migratoire inhumaine du gouvernement italien. Sa seule faute : avoir su mettre en place dans sa commune un système d’accueil qui fonctionne. Il a non seulement permis d’offrir à des femmes et des hommes fuyant la guerre et la misère des conditions de vie et de travail décentes, mais aussi à la population locale en créant des emplois (médiateurs.trices culturels, enseignant-e-s etc...), et en promouvant des formations inédites (laboratoires artisanaux, fermes pédagogiques). Une réussite dans un territoire connu pour ses mafias et son chômage. C’est cet exemple courageux que le gouvernement italien veut punir. Mimmo Lucano a pu en effet faire la preuve que l’accueil des migrant-e-s pouvait se conjuguer avec le dialogue et le bien être d’une communauté tout entière. Il est pour cela depuis quelques années sur la liste noire de tous les partis et mouvements qui entendent faire de la peur de l’autre et de la répression contre les migrant-e-s leur fonds de commerce politique.

L’Italie vit un moment très grave : les propos particulièrement choquants que tiennent régulièrement le principal parti de gouvernement, la Lega et le vice-premier ministre Matteo Salvini lèvent les tabous et libèrent les venins les plus abominables : le racisme et la haine. Dans le sud de l’Italie, l’exploitation éhontée des migrant-e-s fait les affaires d’une poignée de propriétaires terriens, vrais négriers, de nationalité italienne pour la plupart. En garantissant aux migrant-e-s des conditions de travail et de vie décentes, Mimmo Lucano prend le contrepied de cette exploitation. Il les protège des nombreuses tragédies -mort de douzaines d’immigré-e-s sur les routes durant le transport du travail aux camps où ils-elles sont entassés- qui ont marqué l’été. C’est un acte de solidarité.

C’est pourquoi, la décision de justice contre Mimmo Lucano instaure de fait un nouveau délit, le délit de solidarité. Ensemble nous devons : nous reconnaître dans les valeurs des droits humains. Défendre un État de droit, fondé sur l’indépendance de la justice, agir pour plus de solidarité, de démocratie, plus d'égalité et de justice sociale. Etre solidaires avec celles et ceux qui fuient les guerres, la misère et les catastrophes climatiques. C'est la raison pour laquelle, les élus du groupe Romainville-Ensemble, nous devenons chaque année marraine et parrain à Romainville d'enfants de parents sans papiers. Cette année nous avons partagé cette cérémonie en présence de nombreux élus et les maires des lilas et du Pré st Gervais.

Nous en profitons pour rendre un hommage à l'action permanente du Réseau Éducation sans Frontière qui se bat sans relâche pour la scolarisation dans les écoles romainvilloises des enfants de migrants résidant à l'hôtel social de notre ville et pour l'obtention de leur régularisation. Et plus récemment, nous avons partagé le traumatisme vécu par les familles d'origine étrangère qui se sont trouvées du jour au lendemain, expulsées de leur logement, à la veille de la trêve hivernal, suite à un arrêté du maire. N'avons-nous pas oublié le départ dans le plus grand silence et ignorance des migrant-e-s qui avaient été accueilli-e-s rue Leydier à Romainville et soutenu-e-s par l'association Aurore ? Oui, essayons de conjuguer un accueil digne et humain des migrant-e-s et de l’étranger avec l'exigence du vivre ensemble. Oui, face à l’offensive déclenchée par Matteo Salvini contre les migrant-e-s, les pauvres et celles et ceux qui les soutiennent, nous dénonçons cette arrestation et affirmons publiquement notre solidarité pleine et entière avec celles et ceux qui, comme Mimmo Lucano, qui sont entrés en lutte, ou s’apprêtent à le faire. Oui, nous apportons notre soutien à Mimmo Lucano, à sa famille et à la population de sa commune, face à cet acharnement d’un gouvernement de la haine qui fait de la peur de l’autre son fonds de commerce politique. Tout naturellement, nous approuvons ce vœu sans une réelle assurance que le gouvernement actuel appuiera nos exigences.


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