« De l’eau et du sang », l’éditorial de Michel Guilloux dans l’Humanité de ce jour !
La bataille
du bois Belleau fut la première bataille du corps expéditionnaire américain de
cette fin de Première Guerre Mondiale. Ces combats de juin 1918 finirent à la
baïonnette, au corps à corps. 2289 dépouilles, dont 251 « soldats inconnus »,
1060 « disparus »…, Quelques gouttes d’eau auront eu raison du
respect du sang versé, « insultant », non ? On ne sait si Donald
Trump aura été contrarié, hier, de ne pouvoir manipuler son jouet favori durant
une cérémonie à l’Arc de Triomphe faisant la part belle aux symboles de paix et
d’humanité. De la belle voix d’Angélique Kidjo rendant hommage aux troupes
coloniales aux musiciens de l’orchestre de jeunes Européens, du même âge que
nombre de ceux tombés durant la boucherie de 14-18, jouant du Ravel, qui fit la
guerre, oui, cela a dû être terriblement ennuyeux.
Le président
de la République a également sorti les violons pour plaider une intégration
poussée de l’Europe. S’appuyer sur la défense, en ces jours centenaires, est-ce
la priorité pour « conjurer ces menaces que sont le spectre du réchauffement
climatique et de la dégradation de notre nature, la pauvreté, la faim, la maladie,
les inégalités, l’ignorance » ? Face à celui qui a mis à la corbeille
la signature de son pays au bas du traité INF sur les missiles nucléaires
de moyenne portée, ne serait-il pas de visée autrement historique que d’annoncer
que la France ratifie le traité d’interdiction des armes nucléaires (Tian) ?
Comment lutter efficacement contre ces fléaux si on détourne de colossales
sommes supplémentaires vers une contribution « européenne » à la
relance de la course aux armements ? Voilà qui contredit l’ambition d’un
multilatéralisme à la hauteur de l’époque.
Combien stérile parait l’opposition
mondialisation/nationalisme en regard de ces défis. Il en est qui n’en ont que
faire. « Les riches peuvent maintenant voyager aussi librement que leurs
capitaux », disaient-ils à Cannes, dans un salon de l’évasion fiscale. Chercher
de ce côté-là, comme des milliers de milliards versés par la BCE à la rente
financière, permettrait largement de garantir la prospérité comme la « grande
paix humaine ».
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