« La mise en scène du face-à face », l’éditorial de Paule Masson dans l’Humanité de ce jour !
Strasbourg
hier, Verdun, Compiègne…Pendant dix jours sur les routes mémorielles de la
Grande Guerre, Emmanuel Macron va tenter la mue : déposer l’image du
président des riches et du mépris du peuple pour laisser place à celle du
champion pacifiste. Le poilu est devenu un héros, lui qui, en juillet dernier,
laissait entendre qu’il préparait la célébration de la victoire militaire et l’hommage
aux grands maréchaux. Aujourd’hui, place aux civils anonymes victimes de la
grande boucherie du conflit, de 1914-18, les « ouvriers, paysans,
instituteurs tombés au champ d’honneur ». Au nom de la paix et de l’Europe,
la caravane présidentielle est placée sous le signe de l’amitié franco-allemande
et de l’avertissement à ne pas réitérer l’erreur du traité de Versailles qui,
sous couvert de finir la première guerre mondiale, a préparé la seconde.
L’intention
est louable. Mais elle est déjà entachée du soupçon du calcul. À quelques mois
des élections européennes, on voit se dessiner la stratégie de campagne de l’enfant
chéri de l’élite libérale : s’imposer comme la seule alternative à l’extrême
droite et enfermer le scrutin dans un duel stérile entre « celui qui
rassemble » et « ceux qui divisent ». Au sein de la Macronie,
tout est déjà en place pour mettre en scène la comédie du face-à-face. Le clip
officiel censé encourager les électeurs à se rendre aux urnes le 26 mai
prochain a allumé la mèche. Et enflammé la polémique. On y voit Matteo Salvini
et Viktor Orban entichés du commentaire « Europe : union ou division ? ».
Depuis
trente ans cette stratégie contribue à appauvrir le débat politique, assèche
la,confrontation des idées et au final nourrit l’extrême droite au lieu de la
combattre. L’Union Européenne est un terrain fertile pour semer les
désillusions. Raison de plus pour ne pas jouer avec le feu et laisser ce piège
se refermer sur ceux qui refusent les guerres de tranchée politiciennes et
croient encore possible de construire une Europe sociale, inclusive, ouverte,
accueillante et…réellement pacifiste.
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