POUVOIR D’ACHAT. LES GILETS JAUNES NE RETOURNENT PAS LEUR VESTE
Alors que le fossé se creuse entre les « premiers de cordée » chouchous du
président et les plus modestes, toujours sans interlocuteur malgré la
persistance de leur mobilisation et de leurs revendications, l’urgence sociale
demeure.
Le gouvernement a beau souligner « un fort affaiblissement de la
mobilisation », samedi les gilets jaunes étaient plus de 100 000 (106 301,
selon le compte très précis du ministère de l’Intérieur) à manifester dans
toute la France. Certes, d’un point de vue arithmétique, on note une
déperdition de forces (ils étaient 282 710, selon le ministère, le samedi
précédent), mais le territoire reste maillé de jaune encore aujourd’hui. Une
présence qui montre combien le mécontentement sur le pouvoir d’achat est fort.
Le gouvernement, bien en peine pour répondre à cette question, multiplie les
échappatoires.
Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, s’appuyant sur des actes
et des mots bien réels mais pas structurels du mouvement, a d’abord renvoyé les
gilets jaunes à la seule extrême droite. Selon lui, les « séditieux »
manifestants parisiens ont « répondu à l’appel de Marine Le Pen » et
voulaient « s’en prendre aux institutions ». Un écho du 6 février 1934 (marche
des ligues factieuses d’extrême droite sur l’Assemblée nationale) qui passe
assez mal... Le président de la République a botté en touche d’une autre
manière, en annonçant la création d’un « haut conseil pour le climat » composé
d’experts, selon l’Élysée. Un organisme placé sous l’autorité du premier
ministre censé « susciter moins de crispations » sur la « politique énergétique
et ses conséquences fiscales », précise le Journal du dimanche. Et qui a
l’avantage de contourner les corps intermédiaires, avec lesquels le numéro un
de la CFDT, Laurent Berger, estimait qu’il fallait construire un « pacte social
de la conversion écologique ». Le premier ministre l’avait rabroué : ce n’est
pas ce que « demandent les gilets jaunes ».
L’exécutif sait, lui, ce que veulent les manifestants : de la
« pédagogie ». Ce que va faire, promis, Emmanuel Macron. Nullement en
s’adressant aux Français pour détailler des mesures sur la vie chère, mais à
huis clos, devant les membres du Conseil national de la transition écologique,
avec l’objectif, a-t-il déclaré à la presse, de donner le « cap » de cette
transition afin de la rendre « acceptable ». Le fossé se creuse.
Grégory Marin
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