« Dérobades ? », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Le changement
de pied d’Emmanuel Macron, qui s’était engagé l’an passé à se rendre chaque
année au congrès de l’Association des maires de France (AMF), semble à priori
une dérobade. Il recevra à l’Élysée ceux qui voudront s’y rendre. Jacqueline Gourault,
la ministre de la Cohésions des Territoires et des Relations avec les
collectivités territoriales, dont le titre à rallonge est inversement
proportionnel à sa marge de manœuvre, s’efforçait hier de botter en touche en
opposant les maires, qu’elle assure rencontrer sur le terrain, à l’AMF, « qui
exprime moins d’envie de dialoguer avec le gouvernement et semble dans une
posture plus politique ».
Alors
que plus de 10 000 maires sont réunis depuis hier Porte de Versailles, ce
n’est pas vraiment mettre de l’huile dans les rouages grippés des rapports
entre l’exécutif et les élus locaux. Rappelons aussi l’épisode de « Balance-TonMaire »,
il y a quelques semaines, où des élus de la République en marche invitaient à
dénoncer ceux qui n’avaient pas appliqué la baisse de la taxe d’habitation. On peut
entendre dans ces conditions cette question de François Baroin, le président de
l’AMF, laquelle regroupe des maires de tous les bords : « les élus
locaux sont-ils rangés dans la catégorie des corps intermédiaires bloquants d’une
société repliée sur elle-même ? »
À
bien y regarder, il semble que oui. La pression financière exercée sur les
communes est une mise en cause de la démocratie. Quels choix pour une commune
quand elle est conduite à gérer l’austérité contre l’attente des citoyens ?
C’est sans doute le but recherché et c’est l’une des raisons qui font que près
de 50% des maires ne veulent pas se représenter. En réalité, pas plus qu’il ne
veut répondre aux gilets jaunes, le président de la République ne veut entendre
les élus les plus proches des citoyens avec la volonté d’imposer sa politique
avec son clan de fidèles et sa majorité présidentielle, contre l’opinion et les
élus s’il le faut. Son absence, Porte de Versailles, plus qu’une promesse non
tenue, a les allures d’une provocation.
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