« Révélation et manipulation », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Les révélations
que nous publions aujourd’hui sur l’affectation de la taxe carbone confinent à
ce qui pourrait être un scandale d’État. Alors qu’elle a été présentée comme la
contribution des automobilistes à la transition écologique, les documents sont
là. Elle est évoquée dans le rapport dont nous publions des extraits comme une
compensation de pertes de recettes en lien avec le Cice.
En d’autres
termes, le président de la République et son gouvernement ont-ils plongé depuis
quinze jours le pays dans une véritable crise politique au nom du souci de l’environnement
alors qu’il n’en est rien ? Emmanuel Macron et Édouard Philippe doivent s’expliquer
au plus vite. Avant-hier encore, le premier tentait de mêler, sans succès du
reste, la fibre écologique et la fibre sociale pour se refuser à choisir,
disait-il, entre la fin de mois et la fin du monde. On comprend que ce
tricotage est une manipulation.
Quoi
qu’il en soit 80% des Français ont jugé insuffisantes « ses propositions ».
C’est énorme et un fossé peut être sans précédent dans la Ve République
se creuse entre le pouvoir et l’opinion, le pouvoir et les attentes des
citoyens. Le problème qui nous est posé est entier en ces jours où monte une
protestation sociale multiforme certes, mais inédite, en même temps que va s’ouvrir
dans quelques jours la COP24. La question n’est pas de savoir s’il faut opposer
fins de mois et fin du monde. Elle est celles des conditions démocratiques et
sociales à même de changer en profondeur une économie mondiale de prédation. On
parle, s’agissant de transition écologique, de mettre à contribution les transports
aériens et maritimes, sans doute, mais il nous faut penser au-delà, c’est-à-dire
en termes de mode de production, d’aménagement des territoires, de gestion
sociale des ressources et des masses financières. La politique d’Emmanuel Macron
est à l’inverse.
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