« L’heure de décoloniser le patrimoine », l’éditorial de Gaël De Santis dans l’Humanité de ce jour !
Il n’est
pas loin le temps où un chef d’État français pouvait professer : « Le
drame de l’Afrique, c’est que l’homme n’est pas assez entré dans l’histoire. »
Une conception malheureusement trop courante dans notre pays encore marqué par
les traces de l’imaginaire colonial. Pourtant, de l’Empire du Mali à celui du
Ghana, en passant par le royaume du Kongo, l’Afrique est forte d’un riche
passé. Son histoire s’est transmise oralement ou de manière écrite. Elle s’inscrit
également dans les œuvres d’art, dont une partie a été accaparée par les
puissances coloniales et guerrières. Sous les jougs français, britannique, belge,
les pays colonisés ont vu leur culture, leur histoire pillées jusqu’à
entraîner, chez quelques-uns des trous de mémoire…
Un rapport
officiel d’importance sera rendu à Emmanuel Macron, vendredi, par deux
anniversaires, l’une française, Bénédicte Savoy, l’autre sénégalais, Felwine
Sarr. Ces derniers ne préconisent rien de moins qu’une restitution systématique
et pérenne des œuvres pillées, dès lors que leur pays d’origine les demande. Ils
présentent, également, le chemin à parcourir pour lever les obstacles
juridiques, ces objets étant, souvent, entrés dans le « patrimoine
français », obligeant pour les restituer à faire adopter une loi par le
Parlement. Les chercheurs répondent aux faux arguments, selon lesquels les
États où retourneraient les œuvres seraient incapables de s’en occuper. On l’ignore
trop souvent, mais, loin des idées reçues, l’Afrique subsaharienne ne compte
pas moins de 500 musées, informent à juste titre les universitaires.
En créant
les conditions d’une restitution des œuvres pillées, Paris s’honorerait ;
c’est une toute nouvelle relation que la France pourrait établir avec les pays
concernés, fondée sur la coopération et l’égalité. Ce serait également
respecter l’histoire de chacun des peuples, qui porte en elle une part de l’histoire
universelle.
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