" Risque social ", l'éditorial de Paule Masson dans l'Humanité de ce jour !
Alors que la chronique de
Paradise Papers souligne en creux les fortunes colossales amassées par quelques
privilégiés, une petite musique commence à se faire entendre dans le flot
grandissant des revendications sociales : celle d’une augmentation des salaires.
Elle sera portée avec force par les fonctionnaires pendant la journée d’action
contre les réformes libérales du gouvernement organisée par la CGT, FO,
Solidaires, la FSU et un collectif d’organisations de jeunesse.
Championne d’Europe de la
distribution des dividendes aux actionnaires, la France est devenue un pays de
bas salaires. Le Smic dépasse à peine le seuil de pauvreté. La précarité des
contrats gangrène les revenus. Les négociations obligatoires dans les
entreprises se soldent par une diète continuelle.
Et depuis le 3 novembre l’écart
non comblé de salaire entre les femmes et les hommes amène ces dernières à
travailler gratuitement. À force de serrer ceinture, la question devient
sensible pour qui constate à chaque fin de mois la maigreur de son revenu. Elle
le devient d’autant plus que l’inversion de la hiérarchie des normes contenue
dans les ordonnances Macron lève le tabou de la baisse frontale des niveaux de
salaire. Une raison de plus pour considérer que la page est loin d’être
tournée.
Le Medef calcule bien le risque
social que la situation engendre. L’organisation patronale en fait son argument
principal contre le prélèvement à la source de l’impôt : « Les
salariés vont voir leur rémunération nette baisser et cela va provoquer des demandes
d’augmentation », s’alarme Pierre Gattaz. Pour tenir fermement l’étouffoir
sur l’aspiration grandissante à bénéficier de revenus qui permettent de vivre
dignement, les libéraux tentent de donner le change sur le pouvoir d’achat en
attaquant le salaire sur sa base, ce « brut » qui finance la
protection sociale et qui, rappelons-le, est du salaire différé qui n’appartient
pas à l’employeur.
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