" L'homme macronien ", l'éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l'Humanité de ce jour !
Pour sa première « tournée africaine »,
Emmanuel Macron n’a pas été accueilli n’importe comment au Burkina Faso. Atmosphère
pesante, climat tendu, écoles fermées durant deux jours à Ouagadougou. Avant son
« discours à la jeunesse », tandis que des manifestations se
déroulaient au cri d’« À bas l’exploitation de l’Afrique par l’Occident »,
deux symboles de la Françafrique étaient visés, par une grenade, lancée contre
des soldats français, puis un caillassage d’un minicar, dans lequel étaient
présents des chefs d’entreprise. Les spectres de la Françafrique des héritiers
des colons blancs ne sont jamais loin…Devant une assistance de jeunes, Macron
espérait faire oublier l’impair commis par Sarkozy en 2007 (« L’homme
africain n’est pas entré dans l’Histoire »). Le chef de l’État a bien sûr
reconnu que les « crimes de la colonisation européenne » étaient « incontestables ».
Il s’est même déclaré favorable à la dé-classification des archives sur l’assassinat
de Thomas Sankara. Mais la condescendance, hélas, était aussi au rendez-vous…
Lors de son « grand oral »,
le président a habilement prétendu qu’ «il n’y a plus de politique africaine de
la France » tout en parlant du « lien indéfectible » en « proposant »un
nouveau partenariat » et en défendant des perspectives revisitées en
faveur des entreprises françaises. En somme, il convient de lire entre les mots
pour comprendre que ce énième discours sur les « nouvelles « relations
franco-africaines était aussi une manière d’accréditer des pans entiers de la
politique africaine de la France…Emmanuel Macron avait l’opportunité de poser
des actes concrets, il n’a posé que des mots. Ces derniers ne soigneront pas
les maux de la Françafrique, qui avance désormais masquée. Il a pris un y=ton
professoral pour expliquer qu’il n’était pas là pour donner des leçons, passant
son temps à en donner à cette jeunesse africaine venue l’écouter, une jeunesse
qui, précisément, aspire à un autre mode de développement et refuse la double
peine : la misère chez eux ou les périples terrifiants de la migration
contrainte. Les faits sont têtus. L’aide de le France aux pays pauvres a
plongé, de 0,50% (du RNB) en 2010 à 0, 38% aujourd’hui. L’homme macronien n’est
pas entré dans l’histoire africaine.
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