Appel de l’Association Nationale des Élus Communistes et Républicains aux maires de France !
« Ne pas accepter
la mise sous tutelle de nos communes »
Ces quatre dernières années, nos collectivités territoriales ont été
soumises à rude épreuve.
Les dotations que l’État nous verse pour compenser les compétences que le
législateur nous a transférées ont été diminuées de façon inédite dans
l’Histoire de notre pays.
Entre 2015 et 2017, près de 11 milliards d’euros ont été ainsi soustraits
arbitrairement et brutalement à l’ensemble de nos collectivités.
Contraints par la loi à l’équilibre de nos budgets et soucieux d’éviter à
nos collectivités la mise sous tutelle étatique, nous – élus locaux – avons
procédé, en responsabilité et en conscience, à des choix draconiens :
Réorganisation des services publics, reports de projets d’investissements,
diminution des périmètres de nos politiques publiques, baisse de subventions,
réduction de la masse salariale… nous avons actionné l’ensemble des leviers
dont nous disposions comme maires avec le souci de maintenir un service public
de qualité pour nos concitoyens.
Nous n’avons pas seulement participé au redressement des comptes publics.
Nous en avons été les principaux acteurs.
En trois ans, de 2013 à 2016, la baisse du déficit de l’État est, pour
85 %, le fruit des efforts que les collectivités locales, dont nos
communes, ont fourni.
Aujourd’hui, le Président de la République exige des élus locaux qu’ils
réalisent dans les cinq années à venir, 13 nouveaux milliards d’euros
d’économie.
En moins de 10 ans, ce seraient près de 25 milliards d’euros dont nos
services publics locaux se verraient privés.
Ces annonces condamnent nos collectivités locales à une mort par asphyxie
budgétaire.
Cette fois, pas de réduction brutale des baisses de dotations mais un tour
de bonneteau qui fait reposer la promesse du maintien des dotations de l’Etat
sur la capacité de nos collectivités à réduire elles-mêmes leurs dépenses de
fonctionnement.
Moins de dépenses de fonctionnement, c’est inévitablement moins de services
publics pour nos populations, moins de subventions pour nos associations, moins
de culture, de santé, de sport et de vie sur nos territoires.
Nous, maires et élus des territoires de la République, refusons de nous
faire hara-kiri et de faire payer à nos concitoyens les choix budgétaires du
Gouvernement.
Le Président de la République appelle de ses vœux un « pacte
girondin » entre l’État et les collectivités, glosant sur des libertés
nouvelles auxquelles aucun d’entre nous ne pourra en réalité prétendre tant la
contrainte budgétaire sera insupportable.
Les contrats proposés aux 319 principales collectivités locales de France
s’apparente dès lors à une mise sous tutelle.
La seule liberté promise serait celle du contrat ; un contrat passé
individuellement entre les collectivités et les préfets, lesquels, nous dit-on,
disposeront d’un « pouvoir d’appréciation », porte ouverte sur tous
les arbitraires et rupture de l’égalité républicaine entre nos territoires.
Nous – Maires de France – dénonçons un retour en arrière sans précédent sur
les lois de décentralisation et une attaque en règle contre les libertés des
communes, des départements et des régions qui depuis la loi du 2 mars 1982
avaient vu supprimé le contrôle administratif du représentant de l’État pour le
remplacer par un contrôle juridictionnel et un contrôle budgétaire spécifique.
Les collectivités locales ne sont pas des services déconcentrés de l’État.
Conformément à l’article 72 de la Constitution, « elles s’administrent
librement et bénéficient de ressources dont elles peuvent disposer
librement ».
La situation nouvelle qui se dessine doit nous appeler à une immense
vigilance, qui dans les fait, nous conduira à poser une Question prioritaire de
constitutionnalité sur le projet présidentiel à l’endroit des collectivités
territoriales.
Creusets démocratiques de notre République, nos communes ne peuvent pas
être réduites à l’état de variables d’ajustement.
Nous avons été élus par nos concitoyens pour défendre et faire valoir leurs
droits et les intérêts de leurs territoires et ceux, bien pensés, de la Nation.
Nous nous y attachons et continuerons à le faire tout au long de nos
mandats.
Considérant que les contrats proposés contreviennent aux dispositions de la
Constitution sur la libre administration des collectivités locales,
Considérant qu’ils constituent une rupture dans l’Egalité entre nos
territoires,
Considérant qu’ils menacent l’avenir de nos services publics locaux et,
partant, de la cohésion de la République française,
En conséquence de quoi, Monsieur le Président de la République, nous ne
signerons pas ces contrats en l’état.
Nous affirmons notre opposition résolue à toutes ces dispositions et notre
volonté de protéger nos collectivités de la mise sous tutelle étatique et, nous
vous demandons, de recevoir notre délégation avant la conférence des
territoires qui se tiendra mi-décembre pour rouvrir un dialogue sur des bases
plus justes et plus équitables avec nos territoires.
Le 10 novembre 2017
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