" Qui a intérêt à Trump ", l'éditorial de Patrick Apel-Muller dans l'Humanité de ce jour !

Sa vulgarité fait honte à la grande bourgeoisie de la côte Est de États-Unis. Ses menaces inquiètent l’Asie mais confortent les militaristes japonais. Les affaires troubles de ses proches mobilisent la justice. Les diplomates sont déstabilisés par ses sorties imprévisibles. Son mépris des enjeux climatiques sidère la planète…Et pourtant,  Donald Trump, un an après son élection, est toujours à la Maison-Blanche. Wall Street le toise de haut mais compte précisément : le président lui a promis de baisser les impôts de 1510 milliards de dollars en dix ans. Comme en France le pactole irait aux plus riches. Alors dans les salons, on se pince le nez et on applaudit.

L’état-major du Parti républicain ne l’aime pas. Ses électeurs si, qui y trouvent une rhétorique musclée, anti-immigrés, réactionnaire qui flatte leur haine des politiques publiques. « L’Amérique d’abord », entendent-ils, quand Donald Trump dit « les possédants d’abord ». Son refus du multilatéralisme laisse espérer une politique de force qui rapporte gros et son électorat croit encore qu’il sera invité au partage du butin. Tant mieux si la dette américaine se finance sur le dos du monde ; tant pis si les marchés regorgent de bulles financières prêtes à exploser, avec les ruines qui les accompagnent toujours. L’illusion demeure…Alors, les caciques du parti de l’Éléphant maugréent mais ne le destituent pas.

Les dirigeants du monde ont parfois des airs gênés, mais, lorsqu’ils le croisent, ils lui serrent la main avec ardeur. Emmanuel Macron se garde bien de la critiquer et se justifie en assurant qu’il veut le faire changer d’avis. Allons donc ! Pourtant, écrivait Malraux, « le mot ‘’ fermement « ‘’non’’ fermement opposé à la force possède une puissance mystérieuse qui vient du fond des siècles ». Celle-ci prend de l’élan parmi les progressistes américains. Il faut que notre pays exprime ce simple « non » dans lequel se retrouvent la majorité de ses habitants.