" Le fondé de pouvoir ", l'éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l'Humanité de ce jour !
Six mois jour pour jour – déjà –
qu’Emmanuel Macron a pris ses fonctions. Et une impression de rouleau
compresseur que rien n’atténue dans la réalité des faits, des paroles et
surtout des décisions. Comme si le retournement du « cercle de le raison »
avait gagné des esprits face à ce chef de l’État que certains – par malice
et/ou intérêt – ne parviennent pas toujours à « identifier » sur l’échiquier
politique, alors qu’une définition, véritable celle-là, s’impose d’elle-même :
la fameuse boussole de « gauche et de droite » n’était qu’un artefact
pour ne pas dire de « droite et de droite ». Macron parlait de gauche
comme on parle du nez pour conquérir la place : depuis, il tranche à
droite afin de satisfaire ceux pour lesquels il a été élu. Venu pour soi-disant
apprivoiser la Bête, l’apprenti dompteur a filé bras dessus bras dessous avec
elle. Et même pas par la porte de service. Non. Il avance droit devant par le
grand escalier de l’Élysée !
Tout le monde devrait maintenant
le savoir. Macron est le « président des riches », mais il assume
aussi pleinement d’être celui de toute une classe qui ne pense qu’à la « loi
du marché », vous savez, ce nouveau vocable pour ne pas prononcer le mot « capitalisme ».
Ce libéralisme sans tabou et en action dans tous les domaines, la droite et le
Medef réunis en avaient rêvé. Macron tente de le mettre en œuvre. Les puissants
lui ont délivré une procuration comme un vulgaire fondé de pouvoir, et il frappe
vite et fort pour rattraper le temps perdu, en quelque sorte, et mener des
contre-réformes impopulaires que ses prédécesseurs n’avaient pas réussi à
imposer. Une stratégie du choc. Tout doit y passer. Code du travail,
assurance-chômage, protection sociale, Smic, etc. Et tout cela au nom d’une
inspiration libérale vieille pourtant d’une génération et dont la mise en œuvre
n’a servi à rien d’autre qu’à la concentration des richesses, à l’accroissement
des inégalités et, ne l’oublions jamais, à l’échec économique partout !
Cette forme d’inconscience politique peut-elle durer ? Dans un monde
prétendument dominé par un Donald Trump, il est facile d’apparaître brillant ou
de se déclarer « progressiste ». Même les chimères scintillent
parfois. Et il arrive aux pires libéraux de savoir conjuguer le verbe « progresser »
à tous les tempos…ou presque.
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