" Mot à mot ", l'éditorial de Maurice Ulriuch dans l'Humanité de ce jour !
« On a beau ne rien leur
donner, ces bougres-là en demandent toujours plus », aurait dit un riche
bourgeois ou peut-être un aristocrate du grand siècle à propos des gens du
peuple. Agnès Buzyn, la ministre de la santé, l’a bien compris, stoppant net la
soif de luxe effrénée des Français attendant le remboursement à cent pour cent
des frais d’optique promis par Emmanuel Macron… « On n’est pas là
pour offrir des montures Chanel à tout le monde. » Et les chômeurs, donc,
Christophe Castaner a été clair la semaine passée. C’est fini, les cocotiers,
le champagne qui coule à flots : « La liberté, ce n’est pas de se
dire que finalement je vais bénéficier des allocations chômage pour partir en
vacances. »
Le langage du macronisme fait
tache d’huile. Fainéants, illettrés, alcooliques, on en oublie désormais. C’est
une vision du monde, un mépris de classe partagé par la caste au pouvoir. Les égards
vont aux riches, à ceux qui réussissent. La violence des mots va à ceux « qui
ne sont rien ». Le président des riches ne l’est pas seulement dans ses
choix économiques et fiscaux. Il l’est structurellement, idéologiquement. Et
que dire à propos de cette femme immigrée, marocaine, visitant les restos du cœur,
il assène brutalement qu’elle doit rentrer chez elle, alors même que ses
parents vivent en France. Combien de temps faudra-t-il supporter ces insultes,
cette morgue d’Ancien régime ?
Mais il ne s’agit pas que de cela.
Ces mots sont un projet politique. « Le progrès social, c’est celui qu’on
peut se payer soi-même », disait la semaine dernière Emmanuel Macron en
banlieue, comme en écho à cette autre phrase quelques jours auparavant : « La
protection sociale doit désormais se fonder sur l’individu. » Ce projet, c’est
celui d’une atomisation des solidarités collectives, fondées sur la partage, la
reconnaissance de l’autre comme un soi-même. La macronisme distille mot à mot
une « philosophie » de chacun pour soi, inégalitaire, destructrice du
lien social. À la régression sociale s’ajoute une régression de la pensée.
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