" Bisounours ", l'éditorial de Maurice Ulrich dans l'Humanité de ce jour !
Étonnamment, les commentateurs
qui ont disserté pendant des semaines sur le succès remporté par Emmanuel
Macron, ayant réussi à diviser FO et la CGT, sont peu enclins à relever que FO
et la CGT manifestaient jeudi ensemble avec Solidaires, SUD, la FSU, l’Unef et
d’autres dans 170 villes. À Marseille, Jean-Claude Mailly notait que « les
cinq syndicats se rencontrent, se parlent ». C’est silence radio pour ceux
qui vont tabler sur le nombre de manifestants pour annoncer la fin de la
partie. Hier matin, le Figaro titrait déjà « Code du travail, la bataille
perdue des syndicats », saluant avec un enthousiasme non dissimulé qu’avec
le vote prochain des ordonnances « le gouvernement est sur le point de
remporter une importante victoire politique ». En d’autres termes, la
partie est jouée, rentrez chez vous et dormez braves gens. Quand bien même l’idée
qu’Emmanuel Macron aurait marqué le point a été annoncée par le leader de la France
Insoumise lui-même, les choses ne sont pas si simples.
La politique menée et la
mobilisation syndicale, et politique, ce n’est pas un tir à un coup. Le quinquennat
ne fait que commencer. Les enquêtes d’opinion témoignent sans doute d’un
attentisme, mais aussi d’une large défiance à l’égard d’un président et de son
gouvernement. Un sondage récent notait que 65% des français estiment que les
réformes en cours ne leur sont pas favorables, tandis que 11% pensent qu’ils
vont en profiter. On devine aisément de quelles couches il s’agit. Le soutien
du Figaro, d’une partie des électeurs de la droite et des privilégiés, souvent
les mêmes, ne font pas une politique, encore moins une victoire. Philippe
Martinez, pour la CGT, appelle à la mobilisation dans les entreprises. Au poids
des mots, il se pourrait bien que succède le choc du réel en termes de
flexibilité, d’horaires, de salaires, là où le patronat va vouloir mettre en
place à marche forcée ce dont il rêve depuis si longtemps. Contrairement au
discours lénifiants sur la bonne volonté réciproque des « partenaires sociaux »,
l’entreprise n’est pas le monde des Bisounours, et çà va se voir
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire