" Être ou avoir..., l'éditorial de Patrick Apel-Muller dans l'Humanité de ce jour !
« Le progrès social, c’est
celui qu’on se paie soi-même. » Emmanuel Macron, en répondant avec
arrogance à une dame qui l’interpellait, a résumé sa philosophie. Adieu l’ambition
de civilisation, l’avenir en commun ! Aux yeux du président, la politique
n’est plus. Reste la débrouille individuelle, la passion du lucre, avoir tout
pour ne pas être rien…L’avenir des jeunes ? Faut-il qu’ils « aient
envie de devenir milliardaires ! » lançait-il quand il était ministre
de l’économie, et la suite a montré que, en effet, mieux valait être richissime
pour bénéficier de se attentions. Les phrases ronflantes devant le congrès et
les postures étudiées se résument à un cliquetis de monnaie, « la gloire
en gros sous », écrivait Victor Hugo.
Rien ne serait pire que de
détourner le regard de la scène publique, de baisser les bras devant les
politiques conduites envers et contre la majorité, de se réfugier dans l »espace
minuscule « qu’on se paie soi-même ». Emmanuel Macron en rêve, avec peut-être
une réminiscence de Machiavel : « Gouverner, c’est mettre vos sujets
hors d’état de nuire et même d’y penser. » À l’avant-veille du 16 novembre
et des mobilisations syndicales contre les ordonnances qui menacent le Code du
travail, les conseillers élyséens espèrent en une contagion du sentiment de
lassitude, voire de fatalisme.
Une trajectoire toute autre,
incandescente et parfois brûlée, généreuse et exigeante, est rappelée à la mort
de Jack Ralite. Il avait du progrès une haute conception, alliant la création
artistique et son partage avec tous, la recherche médicale de pointe et le
droit aux soins de qualité, la responsabilité de l’homme d’État et l’engagement
du militant. Et le goût des autres si fort pour cet élu d’une banlieue
populaire qu’il n’aurait jamais pu penser que quiconque était « rien »,
ce passionné de théâtre jugeant sans doute avec Brecht que « l’avenir de l’humanité
n’a d’intérêt que vu d’en bas ». Jusqu’à ces derniers jours, il jugeait qu’il
avait à faire, à penser, à donner plutôt qu’à prendre. Être plutôt qu’avoir…
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