« A voté », l’éditorial de Patrick Appel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
Une subite
passion pour les référendums d’entreprises s’était emparée du patronat et du
pouvoir. La loi les consacrait avec l’espoir que les chantages à l’emploi ou l’usage
des divisions syndicales permettraient de faire admettre aux salariés les régressions
souhaitées, les pertes de salaire ou l’augmentation de leur temps de travail. Le
rêve a du plomb dans l’aile. Le plébiscite réclamé par le PDG d’Air France a
tourné au fiasco et il a fallu se soumettre puis se démettre. La leçon a été
retenue au plus haut niveau : pas question de faire voter les cheminots
sur une réforme qui entame la privatisation de la SNCF, menace l’intégrité du
réseau ferroviaire et détruit leur statut.
Mais
si les stratèges patronaux percutent vite, les syndicalistes aussi sont
réactifs. Forts de plus 21 jours de grève, ce sont eux qui en ont appelé au
peuple des cheminots. Le résultat est sans appel, et si cette forte majorité
qui refuse le projet Macron pourra bien ne pas être reconnue par les ministres,
elle n’en modifie pas moins les rapports de forces.
Le mouvement
de grève, avec ses temps forts, a l’assentiment des salariés de l’entreprise et
la direction s=qui justifie le projet, est désavouée. L’unité d’action des
syndicats s’en trouve cimentée. Le gouvernement ne peut ignorer qu’il n’en a
pas fini. Les informations tronquées et les menaces trouvent leurs limites. Plus,
l’invulnérabilité du « nouveau monde » ultralibéral, balayant sur sa
lancée toutes les oppositions, les valeurs d’égalité et de fraternité de la
République, les syndicats, les élus locaux ou les associations, perd de la
crédibilité.
Les citoyens
méprisés des quartiers populaires, les jeunes malmenés par Parcoursup et leurs
parents, les générosités mobilisées avec les migrants, les salariés précarisés,
les fonctionnaires menacés…peuvent puiser de la force et du courage pour ne pas
lâcher prise. Les forces pour chercher ensemble les voies d’un autre avenir que
celui d’une société formatée pour servir les ultra-riches, sont encore
dispersées, mai la recherche de leur agrégation s’ébauche.
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