« Légitimité », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !
Pour
ceux qui sont attachés à la démocratie sociale, c’est-à-dire au droit des
salariés de s’organiser et de revendiquer s’il le faut par la grève, le
résultat du référendum imposé par la direction chez Air France est une victoire
inestimable. Tout le mouvement syndical s’est trouvé conforté dans ce moment
crucial de tensions sociales avec le pouvoir d’Emmanuel Macron, adepte depuis
son élection, il y a pile un an, de la
politique du mépris envers les « corps intermédiaires ».
La mise
en cause de la légitimité des syndicats, de leur représentativité dans un pays
où seul un salarié sur neuf environ est syndiqué participe d’une stratégie qui
fait du refus de négocier et du passage en force la marque d’un prétendu « courage »,
Jean-Marc Janaillac, le PDG d’Air France pariait qu’en faisant ratifier se
propositions salariales par référendum, les syndicats ne s’en relèveraient pas.
À 55,4%, des 80,3% de votants, les employés ont désavoué leur patron. Et ont
par ricochet validé la position de leurs représentants en faveur d’une hausse
immédiate des salaires de 6%.
Le PDG
porte seul la responsabilité de cet échec. Échec à dresser les salariés contre
leurs organisations. Échec à faire pression sur le vote avec le chantage à son
départ d’Air France, désormais annoncé. Échec, enfin, à résoudre un conflit
dont la poursuite par sa faute est le cadeau qu’il fait à son successeur. Après
ce camouflet, les patrons y réfléchiront à deux fois avant de jouer les urnes contre les syndicats, comme les y
incitent les ordonnances Macron sur le Code du travail.
Quant
au premier ministre, l’issue du référendum chez Air France, dont l’État est le
principal actionnaire, fragilise sa position au jour de son entrevue avec les
organisations de cheminots, concédées après deux mois de pseudo-concertation
sur la réforme ferroviaire. Il est encore temps de négocier. C’est ce qu’attend
l’intersyndicale de la SNCF.
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