« Silence, on tue », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Il n’est
pas possible, pour qui se reconnaît en l’autre, de ne pas être bouleversé à la
lecture de la lettre que nous publions, adressée par une mère de famille de
Gaza, une universitaire, à plusieurs journalistes, dont notre grand reporter
Pierre Barbancey. Cette souffrance, cette détresse sont niées par tous ceux qui
parlent « d’affrontements », quand des soldats tirent à balles
réelles sur une foule pacifique et évoquent une manipulation du Hamas, voire l’utilisation
cynique de « boucliers humains ». La réalité, c’est que les
manifestations pour le droit au retour ne sont pas une invention d’aujourd’hui.
Il s’agit de ce qui s’est passé en 1948. Plus de 700 000 Palestiniens
chassés de leur terre, 4000 villages détruits. Dès décembre de cette même année
une résolution de l’ONU proclamait le droit au retour. Elle est ignorée par
Israël, comme le sont les résolutions condamnant les implantations de colonies
dans les territoires occupés. Et on voudrait nous présenter ces manifestations
comme des provocations de ces hommes, ces femmes, ces enfants que l’on tue.
Que l’on
n’ait pas l’indécence de nous resservir la tarte à la crème de l’antisémitisme
quand on rejette avec force cette politique appuyée sur les forces les plus
réactionnaires du pays. Il faut appeler un chat un chat et des crimes de guerre
sont des crimes de guerre, qui que ce soit qui les commette. Que ceux qui ne
veulent pas voir le sang se souviennent qu’un peuple qui en opprime un autre n’est
pas un pays libre. Édouard Philippe, on le sait, a annulé la visite qu’il
devait faire en Israël mais la venue à
Paris le 5 juin du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, est pour le
moment maintenue. Comment imaginer Emmanuel Macron lui tendre la main avec un
sourire sur le perron de l’Élysée ? Souvenons-nous de ces images de l’inauguration
de l’ambassade américaine à Jérusalem quand, au même moment l’armée ouvrait le
feu contre la foule. À la santé de tous, et silence, on tue. Cela ne peut pas
être, ici, en France.
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