« Repousser les périls », l’éditorial de Patrick Le Hyaric dans l’Humanité de ce jour !
Alors
que les grinçants bruits de bottes et de bombes se font à nouveau entendre au
Moyen-Orient, nous avons toutes et tous la responsabilité d’empêcher le
scénario du pire. Les tirs échangés ces dernières heures entre des forces
iraniennes présentes en Syrie et Israël indiquent la portée incommensurable de
la folle décision du président Trump de déchirer l’accord sur le nucléaire
iranien. Conclu en 2015 avec la participation active de son propre pays, il
constituait une rare promesse de perspective de dialogue et de paix dans une
région qui en manque cruellement. Les caresses et les mots doux échangés à
Washington entre le président français et son homologue américain se sont donc
conclus par l’humiliation de l’ensemble des signataires de l’accord et l’ouverture
d’une brèche pour une nouvelle guerre.
Les conséquences
de ce parjure sont incalculables. La crédibilité de la communauté des nations
est écornée comme rarement et l’Union européenne bafouée, renforçant l’unilatéralisme
des États-Unis et de tous les va – t – en guerre. Les forces iraniennes les
plus conservatrices trouvent ici un prétexte idéal pour réactiver le programme
nucléaire et museler les voix intérieures les plus ouvertes au dialogue. Trump et
ses soutiens amplifient les tensions pour justifier de probables provocations
et affrontements qui menacent de dégénérer en un nouveau conflit général.
Il ne
fait aucun doute que les conservateurs états-uniens, les wahhabites saoudiens
et les droites extrêmisées israéliennes caressent de concert le rêve absurde d’empêcher
l’Iran de participer au dialogue international et d’accéder à un nouvel âge de
son développement. Pour y parvenir, les États-Unis imposent, sans aucun
dialogue avec leurs prétendus alliés engoncés dans l’Alliance atlantique, un
retour des sanctions économiques. Ces « alliés » qui ont noué des
liens commerciaux avec l’Iran sont sommés comme de vulgaires valets d’obéir aux
injonctions impériales sous menace d’amendes colossales grâce à l’insupportable
prébende juridique dont bénéficient les États-Unis par la seule hégémonie du
dollar. Preuve, s’il en fallait, que la rupture de l’accord n’est pas dénué d’arrière-pensées
visant à consolider leur position de gendarme économique sur la planète.
La France
et les institutions européennes ont un impérieux devoir de fermeté en faisant
vivre cet accord avec l’ensemble des pays qui l’ont porté il y a trois ans. Pourrait
alors se dessiner un nouvel équilibre international, délesté du poids plombant
de l’unilatéralisme nord-américain, au sein duquel la communauté européenne
jouerait un rôle prépondérant pour la paix et le désarmement en ouvrant la voie
à une sortie de l’Otan, en proposant la dénucléarisation de l’ensemble du
Proche et Moyen-Orient et en cherchant des coopérations nouvelles émancipées de
la domination du dollar. Sans cet effort nul ne sait jusqu’où mènerait l’actuel
engrenage. Il n’est pas trop tard.
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